La rentrée 1998 voit plusieurs projets prendre forme : la rénovation du Musée des monuments français, avec sa nouvelle Cité de l’architecture et du patrimoine, débutera d’ici la fin de l’année et, surtout, l’adoption définitive du site du quai Branly pour le Musée des arts et des civilisations donne le coup d’envoi à une entreprise qui piétinait. Cela devrait permettre au ministère de la Culture d’aborder d’autres dossiers en suspens, tels le choix du futur occupant du Palais de Tokyo ou le sort du Grand Palais. C’est également au cours des prochains mois que doit être votée la loi ouvrant les ventes publiques à la concurrence étrangère. Voici le point sur toutes ces questions, ainsi qu’un panorama des inaugurations de musées, des grandes manifestations et des principales ventes des prochains mois.
Attendu pour le 14 juillet, le choix définitif d’un site pour le futur Musée des arts et des civilisations (MAC), consacré à l’Afrique, aux Amériques et à l’Océanie, a finalement été arrêté à la suite d’un conseil restreint, le 29 juillet. Ce sera le quai Branly, solution étudiée dans un rapport remis en juillet par Serge Louveau, secrétaire général de la Mission de préfiguration, et qui avait la faveur du président de la République et du ministre de l’Éducation nationale. Préféré par Catherine Trautmann, le Palais de Tokyo a été écarté, sa surface étant jugée insuffisante pour garantir l’unité du projet. Ce lieu disposait pourtant d’atouts, en ces temps de réduction des déficits publics : un coût estimé à 650 millions de francs contre 1,1 milliard pour Branly, apportés à égalité par le ministère de la Culture et celui de l’Éducation nationale (les frais de fonctionnement seront, eux, de 150 millions par an). En revanche, le quai Branly offrait les 35 000 m2 nécessaires pour accueillir à la fois le musée, les réserves accessibles au public, les chercheurs et le spectacle vivant.
Le projet, conduit par un établissement public de préfiguration, débutera cet automne par un concours international d’architecture, avec désignation du lauréat au début de 1999. Les terrains restants ne seront pas lotis, ce qui permettra la création d’un grand jardin et une intégration plus harmonieuse au tissu urbain, une dimension négligée par le défunt Centre de conférences international et qui avait causé sa perte.
En attendant la réunion des collections du Musée des arts d’Afrique et d’Océanie et du Musée de l’Homme, en cours d’enrichissement grâce à un budget de 150 millions, 120 pièces majeures seront exposées à partir de la fin 1999 au Pavillon des Sessions, au Louvre. Le MAC, qui regroupera non seulement un musée mais aussi un centre de recherche et d’enseignement, une bibliothèque, et des installations annexes destinées à assurer l’animation culturelle, n’ouvrira qu’en 2004, et les travaux ne commenceraient pas avant la fin 2000.
Chaises musicales à Paris
D’ici là, l’État devra offrir une solution alternative aux salons de prestige comme la Fiac, logés depuis la fermeture du Grand Palais sous les tentes du quai Branly. L’incertitude sur leur sort souligne l’urgence d’une prise de décision pour sauver cet embarrassant monument “qui menace ruine”, estime Serge Louveau, également auteur d’un rapport sur cette question. Abritant des occupants aussi divers qu’un commissariat (où s’entassent 500 personnes dans 3 500 m2), une faculté, un restaurant universitaire, ou encore la Drac Île-de-France, le Grand Palais n’a jamais figuré au premier rang des préoccupations de l’État. “Personne ne paye de loyer, il n’y a pas de budget d’entretien, ni de structure de gestion”, souligne Serge Louveau, si bien que le bâtiment, dont on sait qu’il est défectueux depuis 1940, continue de se détériorer, alors que le Petit Palais, confronté aux mêmes problèmes de pourrissement des pilotis et d’enlisement progressif, a effectué des travaux il y a trente ans. Conséquence de cette négligence, le coût d’un sauvetage s’élèverait à 800 millions, et encore ne s’agirait-il que d’un assainissement, car, si l’on veut rendre le bâtiment exploitable, c’est 1,5 milliard qu’il faudra débourser. De nombreux aménagements sont en effet indispensables pour faire revenir les grands salons internationaux, ne serait-ce que la mise aux normes de sécurité et la climatisation, afin de rendre possible l’organisation de manifestations sous la grande verrière tout au long de l’année.
L’ampleur des moyens nécessaires – rançon de l’incurie – pourrait amener à faire appel à des fonds privés, à l’exemple de ce qui a été fait au Carrousel du Louvre : la construction des espaces commerciaux et des parkings y a été confiée à des opérateurs privés, concessionnaires des lieux. Dans ce cas de figure, l’État serait soulagé de la gestion du Grand Palais, et son exploitation pourrait enfin être envisagée de manière rationnelle.
Reste au cœur de Paris une coquille vide, le Palais de Tokyo, que le Musée national des arts et traditions populaires, actuellement au Jardin d’acclimatation, occuperait volontiers. Dans le cadre de sa transformation en Musée des civilisations de la France et de l’Europe, Michel Colardèle, son directeur, a déjà fait savoir son intérêt pour le lieu (lire le JdA n° 58, 10 avril), et, alors que le cinéma s’est trouvé une Maison avec le rachat de l’ex-American Center, près de Bercy, cette éventualité semble envisageable. L’obstacle majeur à une telle opération reste financier, la construction du MAC risquant de mobiliser une bonne partie des crédits affectés à la Culture.
Dans le jeu des chaises musicales, il y a toujours un perdant. En l’occurrence, ce pourrait bien être l’édifice de la Porte Dorée qui abrite le Musée des arts d’Afrique et d’Océanie. La nature ayant horreur du vide, l’idée d’en faire un Musée de l’Empire français a même été avancée !
Le sort de ce monument n’est sans doute pas le souci principal du ministère de la Culture, où la priorité, assure-t-on dans l’entourage de Catherine Trautmann, sera la révision rapide de la loi de 1992 sur la circulation des œuvres d’art, dont l’affaire Walter avait souligné l’inadaptation. La rue de Valois devrait également commencer sérieusement la rédaction de la loi “musées” – véritable serpent de mer –, annoncée par plusieurs ministres successifs et toujours repoussée.
Du neuf, côté musées
En attendant l’aboutissement de ces projets, le public se voit proposer une kyrielle d’inaugurations cet automne. Premier en date, à Nice, le Musée départemental des arts asiatiques ouvre enfin dans l’édifice dessiné par l’architecte japonais Kenzo Tange, après les années de déshérence qui ont suivi l’ère Jacques Médecin. Le parcours met en exergue la spiritualité constante qui a guidé la main des artistes et des décorateurs chinois, japonais, cambodgiens et indiens, à travers une collection de jades, sculptures en grès, laques, soieries et objets usuels constituée de toutes pièces.
Le 6 novembre, c’est au tour de Strasbourg d’inaugurer son Musée d’art moderne et contemporain, longtemps attendu. L’architecte Adrien Fainsilber a conçu sur les bords de l’Ill un grand vaisseau de 12 980 m2, dont 4 670 sont réservés au déploiement de la collection et aux expositions temporaires. Le musée s’articule à partir d’une nef longue de 104 mètres et large de 25, véritable colonne vertébrale qui dessert tous les espaces. Outre la collection d’art moderne et contemporain, le bâtiment accueillera les grandes toiles de Gustave Moreau, né dans la capitale alsacienne. Ettore Spaletti inaugurera les espaces d’expositions temporaires.
La Région parisienne n’est pas en reste avec, en décembre, l’ouverture – maintes fois repoussée – du Musée des Années trente, à Boulogne-Billancourt, et du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme. Situé dans l’hôtel de Saint-Aignan, au cœur du Marais, ce dernier étudie la culture et l’histoire des communautés juives d’Europe et d’Afrique du Nord. Au parcours permanent qui réunit des témoignages et des œuvres du Moyen Âge à nos jours, s’ajoutent un centre de documentation, un auditorium, un espace d’animation pédagogique et des salles d’expositions temporaires. Le Musée des Années trente présente, dans le bâtiment conçu par Yovan Josic, des éléments de mobilier et de décors, des sculptures, des peintures et des projets d’architecture, ainsi que des maquettes illustrant la fusion de l’art et de l’industrie à cette époque.
Plusieurs réouvertures importantes sont également au programme : le 15 octobre, le Musée des beaux-arts de Rouen inaugurera le réaménagement complet de son aile sud, célèbre pour ses toiles des XVIe et XVIIe siècles, telle la puissante Flagellation du Christ de Caravage. En décembre, le Louvre entreprend la fin du circuit des peintures italiennes et espagnoles – prévu pour le printemps –, avec les salles Percier-Fontaine et Duchatel où sont accrochées les fresques de Botticelli et de Fra Angelico. Enfin, le 8 novembre à Copenhague, le public pourra découvrir un Statens Museum for Kunst entièrement réaménagé, après deux ans de travaux. Ses splendides collections d’art danois et européen du XIVe siècle à nos jours se déploieront dans un espace presque deux fois plus vaste.
Juan Gris à Marseille
Les traditionnelles grandes expositions de la rentrée viennent compléter ce calendrier culturel chargé. Fin de siècle oblige, l’art moderne et contemporain est à l’heure des rétrospectives et des bilans. À partir du 17 octobre, le Musée d’art moderne Lille Métropole, à Villeneuve-d’Ascq, propose “L’Envers du décor”, s’attachant à la dimension décorative dans l’art du XXe siècle, de Matisse à Pollock et de Ghada Amer à Pierre Savatier.
À Marseille, du 17 septembre au 3 janvier, le Musée Cantini propose une rétrospective Juan Gris, qui met l’accent sur sa contribution aux recherches cubistes. Gris n’avait pas bénéficié en France d’une exposition de cette envergure depuis celle de l’Orangerie, en 1974.
Max Beckmann a également entretenu de nombreux rapports avec la peinture française. Pour illustrer ce dialogue, la Kunsthaus de Zurich accueille, du 25 septembre au 3 janvier, une cinquantaine de toiles de Léger, Matisse, Picasso, Braque, Rouault...
Dans un autre style, Anish Kapoor est en vedette en France, à la rentrée, avec deux expositions. Il a bénéficié à Paris d’une commande publique du Festival d’Automne pour la Chapelle Saint-Louis de la Salpêtrière (18 septembre-1er novembre) : trois énormes disques miroitants en acier poli renvoient l’image de l’architecture du lieu tout en absorbant les spectateurs. Pour son exposition au CapcMusée d’art contemporain de Bordeaux (16 octobre-4 janvier), l’artiste anglais d’origine indienne présente une installation nouvelle et des pièces plus anciennes.
La Galerie nationale du Jeu de Paume inaugure, le 15 septembre, la première grande rétrospective en France consacrée à Pierre Alechinsky, qui réunit plus de 110 œuvres de la fin des années quarante à nos jours. À l’occasion du centenaire de la mort de son compatriote Félicien Rops, le Musée-Galerie de la Seita rend lui hommage du 6 octobre au 22 novembre. Un important ensemble de dessins est présenté en collaboration avec le Musée provincial de Namur.
Toujours dans la capitale, le Centre Georges Pompidou expose du 4 novembre au 14 décembre, dans la Galerie Sud, la collection d’art contemporain constituée depuis vingt par le Consortium à Dijon. L’ensemble témoigne des orientations du centre d’art, avec des travaux d’On Kawara, Carl Andre, Duane Hanson, Pino Pascali, Imi Knoebel, Dan Graham, Donald Judd, Christian Boltanski, Annette Messager, Daniel Buren, Bertrand Lavier, Pierre Huyghe, Philippe Parreno ou Xavier Veilhan. Un certain nombre d’artistes seront directement impliqués dans la mise en place de leurs travaux, d’autres réactualiseront même leurs œuvres pour l’occasion.
Enfin, une nouvelle biennale verra le jour en octobre à Berlin. Cette “Berlin Biennale”, organisée par Klaus Biesenbach, Hans Ulrich Obrist et Nancy Spector, se déroulera en trois étapes jusqu’à l’an 2000. Débutant avec “Berlin/Berlin”, du 1er octobre au 3 janvier, elle se présente comme une exposition locale mais a été conçue selon des paramètres globaux.
Comparée à cette manifestation, la biennale du “Mois de la Photo”, à Paris, fait figure de doyenne : elle tiendra, à partir de novembre, sa dixième édition. S’articulant autour de trois thèmes, “l’enfermement, l’intimité et l’événement”, elle proposera 79 expositions dans 61 lieux. Au programme, Martine Franck, Johan Van der Keuken, Jane Evelyn Atwood, Matthias Hoch, Didier Pazery et Olivier Morel, Pierre Molinier, André Kertész, Yuri Eremine, le Vieux Moscou, la Suisse de 1848 à 1998...
Lotto, Tintoret
Les maîtres vénitiens seront à l’honneur à Paris, avec Lorenzo Lotto au Grand Palais du 17 octobre au 11 janvier, le Tintoret à la mairie du Ve arrondissement du 2 octobre au 13 décembre, et Tiepolo au Petit Palais du 22 octobre au 24 janvier. Contemporain de Titien, Lotto développe un langage original, parfois ésotérique, marqué par une rare acuité psychologique et une abondance de détails. Une cinquantaine de peintures et des reproductions de panneaux marquetés auxquels il avait collaboré permettent d’apprécier cet artiste déroutant. Tout autre est le génie du Tintoret, avec ses architectures vertigineuses, ses figures inquiètes et sa touche vibrante, qui tente une ambitieuse synthèse de l’art de Michel-Ange et de Titien. Sans prétendre dresser un panorama de cette carrière prolifique, une sélection de 16 tableaux et 4 gravures et dessins illustre l’exceptionnelle “leçon de peinture” de l’artiste. Aussi audacieux dans ses cycles décoratifs, Tiepolo exalte avec exubérance les dernières splendeurs de la société vénitienne au XVIIIe siècle. La France ne lui avait pas encore consacré de rétrospective. Le Petit Palais comble cette lacune en présentant la totalité de son œuvre gravé, une quarantaine de dessins et 83 peintures, parmi lesquelles de très grands formats comme L’entrevue d’Antoine et Cléopâtre et Le banquet de Cléopâtre, qui n’avaient jamais quitté la Russie.
À Lille, le Musée des Beaux-Arts met l’accent sur les œuvres créées par Goya hors de toute commande officielle. Du 11 décembre au 14 mars, 50 natures mortes, portraits, tableaux religieux, cartons de tapisserie, ainsi que la série des Jeunes et des Vieilles éclairent l’une des facettes les plus libres et les plus novatrices de l’artiste. Ce sont au contraire les liens unissant Courbet à ses commanditaires que souligne le Musée cantonal de Lausanne en exposant, du 21 novembre au 21 février, 70 portraits, paysages, nus érotiques et natures mortes de la maturité. Parfois comparé à Courbet pour ses sujets naturalistes, Millet a connu une belle postérité artistique. Van Gogh est venu puiser sa première inspiration auprès des scènes paysannes du peintre français qui restera pour lui un modèle. De sa copie de jeunesse du Semeur de Millet à sa réinterprétation “japonisante” du thème, en 1888, le Musée d’Orsay illustre cette filiation à travers quelque 80 tableaux, pastels, gravures et fusains (17 septembre-3 janvier).
Loin de la mouvance réaliste, l’œuvre symboliste et littéraire de Gustave Moreau sera au Grand Palais, du 2 octobre au 4 janvier. Cette rétrospective, qui mêle études, aquarelles et toiles, se déploie autour de trois chefs-d’œuvre constituant des moments clés dans l’évolution du peintre : Œdipe et le Sphinx (1864), Hercule et l’Hydre de Lerne (1876) et Jupiter et Sémélé (1895). Autre précurseur du Symbolisme, Puvis de Chavannes est également célébré, du 1er octobre au 6 décembre, dans sa ville natale de Lyon. À l’occasion de la récente restauration du Bois sacré, qui orne l’un de ses escaliers, le Musée des beaux-arts expose environ 90 études de décors monumentaux, spécialité de l’artiste. Admirateur de Puvis de Chavannes, Henri Edmond Cross explore les voies lumineuses et décoratives du Pointillisme jusqu’à sa mort, en 1910. Le Musée de la Chartreuse de Douai rassemble, du 3 octobre au 4 janvier, une cinquantaine de peintures et aquarelles de ce compagnon de route de Seurat et de Signac.
Enfin, comme chaque année, les États-Unis créent l’événement autour d’une figure majeure de l’Impressionnisme. Cette fois, ce sont les dernières créations de Claude Monet – 75 Nymphéas, vues du jardin de Giverny, paysages londoniens et vénitiens – qui se trouvent sous les projecteurs du Museum of Fine Arts de Boston, du 20 septembre au 27 décembre.
Une convention spéciale
Pour la première et unique fois, les trésors du Musée national du Palais de Taipei seront exposés à Paris, au Grand Palais, du 22 octobre au 25 janvier. “Mémoire d’Empire” proposera 250 œuvres ayant appartenu aux empereurs de Chine, dont les collections avaient été transportées à Taiwan après la prise du pouvoir par les communistes. La signature par la France d’une convention préservant les objets des revendications de la Chine populaire a permis l’organisation de l’exposition. Peintures et calligraphie, jades, porcelaines, bronzes résumeront plusieurs millénaires d’art chinois, de l’âge du Bronze au XVIIIe siècle. Les bronzes seront au cœur de “Rites et festins de la Chine antique” au Musée Cernuschi, du 23 septembre au 10 janvier, avec 56 pièces venues du Musée de Shanghai, l’une des plus importantes collections au monde. Liée au culte des ancêtres, cette vaisselle d’apparat exigeait des formes sophistiquées, dont l’évolution est évoquée par des œuvres datées du XIVe au IIIe siècle avant J.-C.
À la différence de l’art chinois, l’art précolombien est peu présent dans les collections occidentales. D’où l’intérêt de l’exposition “Mexique, terre des dieux. Trésors de l’art précolombien”, organisée par le Musée Rath à Genève, du 8 octobre au 24 janvier. Plus de quatre cents œuvres des cultures amérindiennes – Mayas, Aztèques, Olmèques Mixtèques et autres – brosseront un panorama de l’exceptionnelle vigueur de l’art du Mexique durant trois mille ans, avant l’arrivée des Conquistadores.
Alors que le futur MAC prend forme, le Musée des arts d’Afrique et d’Océanie poursuit son ambitieuse politique d’expositions avec “Batéké, peintres et sculpteurs de l’Afrique Centrale”. Du 30 septembre au 4 janvier, 240 objets, pour la plupart inédits, permettront au public français de découvrir l’art et la culture des Batéké, répartis entre le Gabon, le Congo et l’ex-Zaïre.
Un marché très actif
C’est cet automne ou en début d’hiver que le Parlement devrait voter la loi réformant les ventes publiques, mettant fin à un statut vieux de plus de quatre cents ans. Cette loi ouvrira le marché français à la concurrence étrangère et autorisera les études, constituées en sociétés commerciales, à recourir à des capitaux extérieurs. La vente à Paris des Picasso de Dora Maar, les 27, 28 et 29 octobre par l’étude Piasa et Me Mathias, pourrait être le dernier événement de “l’ancien régime” (lire p. 23). Autre temps fort de la rentrée : la dispersion par l’étude De Ricqlès, les 25 et 26 septembre, d’objets d’art islamique et d’archéologie. Et du 16 au 18 septembre, l’étude Tajan poursuivra la dispersion du mobilier de l’Hôtel George V, avec des vacations de 220 lots représentatifs du goût des années trente.
Les marchands, particulièrement actifs, organiseront un grand nombre de manifestations, parmi lesquelles “l’Automne asiatique” qui se déroulera en octobre et novembre dans neuf galeries, dont celles de Christian Deydier, Jacques Barrère, Agnès Deydier et Lefebvre et fils. Londres vivra également l’automne à l’heure de l’Asie. Christie’s y organise, du 15 au 17 septembre, des vacations de peinture chinoise, de céramiques chinoises et objets d’art, d’œuvres d’art du Japon, de l’Inde et de l’Asie du Sud-Est. Du 10 au 21 novembre, “Asian Art in London” prendra le relais, avec des ventes de céramique du Sud-Est asiatique, de porcelaine chinoise et d’objets d’art japonais organisées par Sotheby’s, Christie’s et Phillips, ainsi que de nombreuses expositions en galeries et dans les musées.
Autres moments phares de la saison dans les galeries parisiennes, l’exposition “Trésor des Tsars” qui explore les correspondances entre l’art russe et celui de l’Europe occidentale, chez Kugel du 17 septembre au 31 octobre, et une sélection de dessins, pastels et peintures de Gustave Caillebotte chez Brame & Lorenceau, du 15 octobre au 27 novembre.
Le programme des foires et salons s’ouvrira à Paris avec la XIXe Biennale des Antiquaires, du 18 septembre au 4 octobre qui accueillera, au Carrousel du Louvre, 120 antiquaires. Si le mobilier et les objets d’art – particulièrement XVIIe et XVIIIe – demeurent les points forts de la manifestation, les stands consacrés aux tableaux, aux dessins et à la sculpture se multiplient.. Nous consacrerons, dans notre prochain numéro, un Vernissage complet à cette Biennale et aux grandes expositions chez les antiquaires.
Rendez-vous incontournable de l’art contemporain, la Fiac célèbre cette année son vingt-cinquième anniversaire. Après la Suisse en 1996, sa voisine l’Autriche est l’invitée d’honneur de cette édition qui se déroulera du 7 au 12 octobre. Une exposition d’art autrichien organisée par Lorand Hegyi sera présentée à Paris. Une nouveauté, cet automne, le premier Salon international d’art tribal rassemblera des galeries d’Europe et d’Amérique dans l’hôtel Marcel Dassault, à Paris, du 19 au 22 septembre. Le Salon du Patrimoine, articulé autour de l’Art sacré et du patrimoine religieux, aura lieu du 5 au 8 novembre au Carrousel du Louvre, où se tiendra également du 20 au 23 novembre, “Paris Photo”, qui souffle sa seconde bougie.
À New York, l’International Fine Art and Antique Dealers Show (Armory Show) accueillera pour son dixième anniversaire, du 16 au 22 octobre, 68 exposants du monde entier. Autre grande foire internationale, Tefaf Bâle ouvrira ses portes, du 7 au 15 novembre, à 120 marchands et quelque 15 000 visiteurs.
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Des trésors de Taipei à Juan Gris : une saison d’automne éclectique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°65 du 28 août 1998, avec le titre suivant : Des trésors de Taipei à Juan Gris : une saison d’automne éclectique