Des projets pour le Familistère de Jean-Baptiste André Godin

À Guise aujourd’hui, le Familistère est devenu une copropriété, la visite n’est donc possible que sur rendez-vous. “30 % des appartements sont actuellement vacants et 30 %, dévolus à l’habitat social, sont occupés par des familles défavorisées”, explique Frédéric Panni, conservateur du Familistère de Guise depuis mai 2000. L’aile droite, celle-là même où Godin avait son propre logement, s’avère la mieux conservée, pas étonnant donc si l’on y trouve le plus grand nombre de copropriétaires. Au rez-de-chaussée, un deux-pièces datant de 1877 a été laissé dans son jus pour les visiteurs. Au premier étage, l’appartement où logeait le fondateur du Familistère est actuellement le siège de l’Association pour la Fondation Godin. Quant à l’aile gauche, sise au bord de l’Oise, Frédéric Panni imagine qu’”elle pourrait accueillir une hôtellerie de court et de moyen séjours”.

Utopia est le nom de code donné au projet de restauration du Familistère de Guise. Lancé en 2000, le projet s’étale en deux phases. Actuellement en cours, la première, d’un montant de 6,1 millions d’euros hors taxes, devrait s’achever en 2003-2004. Elle comprend, notamment, la transformation des économats – 1 000 m2 – en un centre d’accueil et d’interprétation, avec des bureaux pour l’administration, un espace d’information, une salle d’exposition, une cafétéria et une librairie. Elle inclut aussi une nouvelle scénographie de l’appartement de Godin, la métamorphose du lavoir-piscine en salle d’exposition et, côté Oise, en guinguette, le réaménagement, en cours, du jardin d’agrément et la création par une jeune équipe de paysagistes parisiens, Base, d’un parc de neuf hectares.
La deuxième phase, d’un montant de 6,86 millions d’euros hors taxes, s’étalera, elle, de 2003-2004 à 2006-2007. Elle concerne en grande partie la transformation du pavillon central du Familistère – 7 000 m2 – en “musée”, avec salles d’expositions temporaires, centre d’archives et observatoire de l’expérimentation sociale, ainsi qu’un auditorium, voire une pépinière d’entreprise ou des ateliers.

Enfin, 6,86 millions d’euros seront consacrés à la restauration proprement dite du “Palais social”. Les travaux sont financés par les ministères de la Culture et du Logement, le conseil régional de Picardie et l’Union européenne, ainsi que par la ville de Guise et le conseil général de l’Aisne, qui tous deux réunis, depuis novembre 2000, au sein d’un syndicat mixte, sont désormais les maîtres d’ouvrage du projet Utopia.

Malgré la faiblesse actuelle des structures d’accueil, le site reçoit chaque année, selon Frédéric Panni, près de 20 000 visiteurs. Avec le projet Utopia, l’objectif avoué du conservateur est de franchir le cap des... 100 000 visiteurs.