3e capitale régionale de la culture du Nord-Pas-de-Calais après Valenciennes et Béthune, Dunkerque mobilise 5000 artistes pour un « grand voyage » festif.
Dunkerque - Le succès de Lille 2004, capitale européenne de la culture, et celui de Lille 3000 résonnent encore dans la tête de Daniel Percheron, président de la région Nord-Pas-de-Calais. Quelques mois après l’inauguration du Louvre-Lens et celle de l’antenne de l’Institut du monde arabe à Tourcoing, la région n’a plus à démontrer qu’elle a fait de la culture une priorité : 3,5 % de son budget annuel y est consacré. Outre ces greffons parisiens, Daniel Percheron imaginait il y a quelques années une déclinaison régionale de la manifestation européenne, pour assurer un enrichissement et une dynamisation durable du territoire. Après Valenciennes en 2007, et Béthune en 2011, Dunkerque devient pour quelques mois la capitale culturelle de la région Nord-Pas-de-Calais (6 avril-28 décembre). Si la relance de l’économie valenciennoise est notable, en termes d’emplois durables et de rendez-vous pérennisés, les retombées de l’année béthunoise, a priori moindres, sont encore difficiles à évaluer. Les organisateurs demeurent cependant confiants en la réussite de l’opération dunkerquoise. À elle seule, cette capitale régionale mobilise 12 millions d’euros (4 millions pour les investissements, 8 millions pour le fonctionnement), financés à parts égales entre la région et la communauté urbaine de Dunkerque – 500 000 euros ont été levés auprès des mécènes EDF et La Voix du Nord. À long terme, l’ensemble du territoire aura bénéficié de 100 millions d’euros investis dans l’équipement culturel permanent.
Maubeuge 2015
Contrairement à l’opération « capitale européenne », les critères de sélection de cette mise en avant régionale demeurent assez flous – la volonté de la ville serait le motif principal de qualification. Catherine Génisson, responsable de la Culture au conseil régional, assure que les candidatures sont nombreuses (et cite celle d’Arras), et n’exclut pas de mener une réflexion sur la mise en valeur du bassin minier dans son ensemble. Désignée en septembre dernier, Maubeuge se prépare d’ores et déjà pour l’année 2015. Le choix n’est pas innocent car cette même année, sa voisine belge Mons n’est autre que… capitale européenne de la culture. Si l’enthousiasme des porteurs de projet est palpable, rappelons que la manifestation a été critiquée par le passé : à Valenciennes, le Musée des beaux-arts avait été contraint de déménager ses collections pour accueillir l’exposition « Pharaon ». Si la manifestation était exceptionnelle car elle rassemblait des pièces prêtées par le Musée des antiquités égyptiennes du Caire et le Musée du Louvre, elle n’avait strictement rien à voir avec les collections du musée. Le Conseil régional avait pour l’occasion signé un accord avec le Conseil supérieur des antiquités égyptiennes à hauteur d’un million et demi d’euros.
Rythmée par plus de 600 événements répartis en trois saisons, Dunkerque 2013 se partagera entre rendez-vous festifs – le spectacle « La Saga des photons » par le groupe F, l’escale de vieux gréements en chemin vers Rouen pour la Grande Armada, une nouvelle compétition internationale de danse hip-hop… – et l’inauguration de plusieurs chantiers culturels d’importance – le nouveau Frac Nord-Pas-de-Calais signé Lacaton & Vassal, le théâtre du Bateau Feu, les nouveaux bâtiments de l’association Fructôse pour la création contemporaine… Dunkerque a préféré aiguiser ses armes contemporaines plutôt que de miser sur le patrimoine. Tandis que l’exposition « Poétique des objets » au LAAC (Lieu d’art et action contemporaine) inaugure la première saison (6 avril), « Le Futur commence ici » marquera l’inauguration du Frac et le lancement de la troisième saison (14 septembre).
Jean-Jacques Aillagon, commissaire d’exposition
Les organisateurs se sont même offert les services de Jean-Jacques Aillagon pour assurer le commissariat d’une grande exposition censée marquer les esprits et ouvrir la deuxième Saison (6 juillet). Avec « L’art à l’épreuve du monde », l’ancien ministre souhaite mettre en évidence la sensibilité des artistes face aux souffrances de l’humanité, et a fait sa sélection d’œuvres contemporaines auprès du Frac et du LAAC, desquelles seront rapprochées des œuvres plus anciennes issues des collections régionales. Fort de ses relations avec François Pinault, Jean-Jacques Aillagon a également inclus une vingtaine d’œuvres de la collection de l’homme d’affaires. Racheté il y a un an par la communauté urbaine dans le cadre du développement du quartier de la gare, l’édifice emblématique de Dépoland, haut lieu du commerce à bas prix dunkerquois, accueillera la manifestation (jusqu’au 6 octobre). Tout lien entre les œuvres et le slogan « Le monde des affaires. Neuf et occasion », qui orne encore le bâtiment, n’est que fâcheuse coïncidence…
informations à suivre à partir du 7 mars sur www.dunkerque-culture2013.fr
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Décollage imminent pour Dunkerque
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°386 du 1 mars 2013, avec le titre suivant : Décollage imminent pour Dunkerque