NICE
La fin de carrière du très entreprenant premier président du château a été assombrie par une condamnation judiciaire.
Hubert Astier, qui fut le premier président de l’Etablissement public gérant le château de Versailles, est décédé le 28 octobre dernier à Nice. Il avait 82 ans.
Né en 1938 à Marseille, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, cet ancien énarque de la promotion Stendhal (1963-1965) fait ses premiers pas dans le domaine de la culture en tant que conseiller technique auprès des ministres des Affaires culturelles successifs : Jacques Duhamel en 1971, Maurice Druon en 1973 et Alain Peyrefitte en 1974, avant de devenir chef du cabinet du secrétaire d’Etat à la Culture Michel Guy en 1975.
Entre 1978 et 1982, il devient directeur délégué de la Cinémathèque, puis, de 1987 à 1992, délégué général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD). En 1992, il devient secrétaire national du Rassemblement pour la République (RPR) chargé de la culture, puis directeur de cabinet du ministre de la Culture et de la Francophonie Jacques Toubon en 1993.
Versailles, un établissement public autonome
En 1995, il est chargé de piloter la création de l’Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles, dont il prend la présidence entre 1997 et 2003. Il établit alors un schéma directeur de grands travaux, visant à la remise en état du domaine.
Il a expliqué au Journal des Arts en 2003 les bénéfices d’un établissement public. « À présent, nous avons notre propre budget et, chaque fois que nous faisons des recettes, elles restent sur place. Cela représente une grande source de motivation pour les membres du château. » Puis il a mis un lumière un autre avantage : « Pour notre institution, qui est très dispersée physiquement, la tradition voulait que l’univers du musée, géré par le conservateur en chef, soit totalement séparé de celui du domaine, pris en main par l’architecte en chef du parc. Cette situation représentait une véritable source de conflits. Depuis mon arrivée, une autorité d’arbitrage sur place et immédiate permettant de mieux trancher les questions a été mise en place. »
Le recours au mécénat
Il fut également à l’œuvre pour une ouverture large au mécénat pour le château, avant même la loi relative au mécénat, aux associations et aux fondations, dite « loi Aillagon » du 1er août 2003. Ainsi, sous sa présidence, de nombreux mécènes ont donné pour aider à l’entretien du château et de ses jardins, notamment l’entreprise de travaux publics Vinci, qui dépensa quelques 10 millions d’euros pour la restauration de la Galerie des Glaces, qui s’est déroulée de 2003 à 2007. Une opération de mécénat alors inédite en France, par son ampleur.
Il est encore à la manœuvre lorsque la tempête Lothar ravage le jardin du château de Versailles en décembre 1999, brisant des vitres et causant des trous dans les toitures mais arrachant surtout 10 000 arbres, dont certains historiques. La souscription internationale « 10 000 arbres pour Versailles » ouverte en 2000, qui permet au public d’adopter un arbre sur une idée – alors originale – que lui a soufflé la femme d’affaires Jacqueline Beytout, est un succès : elle permet de récolter près de 2 millions d’euros, qui viennent s’ajouter aux 19 millions fournis par l’Etat.
Condamné à 10 mois de prison avec sursis
Deux ans après avoir quitté la présidence de l’établissement public, laissant la place à Christine Albanel, il est suspecté et mis en examen avec sa compagne d’alors, à la suite d’une information judiciaire pour « favoritisme et prise illégale d’intérêt » dans l’attribution des marchés publics en lien avec la société Productions du Roi-Soleil. Il avait confié l’organisation des spectacles à cette société, dont sa compagne était salariée. Il est condamné, en 2013, à dix mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende.
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Décès de Hubert Astier, ancien président du château de Versailles
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