Pour prendre le pouls de l’art actuel, le visiteur ne doit pas faire l’impasse sur la Cour carrée du Louvre. C’est là que sont exposés les jeunes artistes et, qui sait, les valeurs sûres de demain...
On savait la Fiac désireuse de renouveler profondément la gamme des prétendants aux sites de la Cour carrée et du Grand Palais. Finalement, un large contingent de galeries françaises défendant des artistes « jeunes » (tout est relatif, on est jeune au-delà de quarante ans lorsqu’on est artiste) ou émergents dans une programmation prospective se retrouve au Louvre.
L’une des toutes dernières-nées, Collet Park, inaugurée en décembre dernier et installée rue Saint-Martin, est déjà sélectionnée. Elle y présente un choix de la maison mêlant les noms encore peu connus de Frédéric Pradeau ou la fraîcheur délurée d’Elvire Bonduelle à des poids lourds comme John M. Armleder ou Rita McBride.
Prendre ou non, le risque...
Le panaché, telle est la recette classique qu’appliquent 98 % des galeristes retenus cette année. Peu d’entre eux prennent le risque de tout miser sur un seul artiste. Cortex Athletico de Bordeaux, Schleicher Lange de Paris relèvent le défi et misent tout sur des artistes peu exposés dans l’Hexagone. L’agence bordelaise présente Vittorio Santoro, un artiste vivant entre Berlin et Zürich, auteur d’une œuvre cérébrale cependant séduisante, comme ce flirt entre deux stores vénitiens blancs.
Mais c’est bien le pari fait par Julia Schleicher et Andreas Lange qui s’avère le plus intrépide. Confié à l’artiste britannique tout juste trentenaire Zoe Mendelson, le stand se transforme en un cabinet mental et un dédale architectural dont la logique est directement inspirée de l’ancienne maison de Freud à Londres, devenue depuis son musée. L’univers peuplé de dessins oniriques et de psychoses fantasmatiques devient sculpture, architecture pour envahir toutes les cimaises de l’espace de monstration.
Le stand devrait rester dans les mémoires, reste à savoir s’il séduira les collectionneurs.
Grégoire Maisonneuve, lui, ne prendra pas ce risque. Après avoir consacré un an de sa programmation à la présentation unique des travaux de Mathieu Briand, le jeune galeriste offre un panorama plus complet de son activité à la Fiac.
Quant à la jeune B.A.N.K., elle combine deux installations de Mounir Fatmi, artiste en pleine ascension, à la vidéaste américaine Nicole Cohen, soit la rencontre du kitsch clinquant californien et de la radicalité acérée de Fatmi. Ce dernier érige une chaise électrique en cassettes vidéo avec la même distance amusée qu’il brode sur un drapeau américain un « J’aime l’Amérique » en arabe (ci-contre). Un mode dialogique également adopté par Jocelyn Wolff qui partage son espace entre l’univers prolifique d’un nouveau venu dans son écurie, Stéphane Calais (transfuge de la galerie Nelson) « accordé » pour l’occasion à Guillaume Leblon, dont le travail minimal s’impose plus que jamais comme une valeur sûre.
Quelle tendance dégager ?
Pour ce qui est des dizaines d’autres galeries, l’heure est au classique. Misant sur la présence de collectionneurs étrangers attirés par les prix encore abordables de l’art tricolore en regard de la situation internationale, les Français déploient donc leurs atours principalement hexagonaux.
Certaines maisons, de Cosmic à Loevenbruck, en passant par la foisonnante galerie de Multiples, déploient une présentation quasi exhaustive de leurs artistes, tandis que d’autres offrent une sélection plus raisonnée sans verser dans la thématique contraignante. Tout se joue ensuite sur la qualité de l’accrochage.
Dans l’ensemble, il est bien difficile de déjà dégager une tendance. Peut-être peut-on compter sur la présence toujours plus discrète de la vidéo, décidément bien délicate à collectionner, et sur le fléchissement du dessin, auquel un salon est spécialement consacré au printemps.
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De jeunes galeries françaises dans la cour des grands
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°595 du 1 octobre 2007, avec le titre suivant : De jeunes galeries françaises dans la cour des grands