Dans l’œil du « Cyclop »

Trois ans après la disparition de l’artiste, ce projet démesuré, aussi titanesque que son sujet et dont la conception et les premiers éléments remontent à 1969, est ouvert au public. "En travaillant dans la forêt, écrivait Tinguely, nous rêvons à une utopie et à une action sans limite (c’est illusoire, je le sais) et notre attitude est celle de la Recherche de l’Acte Gratuit et Inutile." Projet d’autant plus utopique qu’il est le fruit d’une collaboration avec plusieurs artistes, au premier rang desquels Niki de Saint-Phalle, qui y fut associée dès le début. Elle est l’auteur de la tête de 22,50 mètres et de 300 tonnes du cyclope, qui intègre un chêne séculaire de la forêt.

Le sculpteur suisse Bernard Luginbühl, célèbre pour ses absurdes machines, a conçu  différents éléments, dont un interminable billard mécanique. Eva Aeppli, Daniel Spoerri (qui a reconstitué dans le site sa première chambre de bonne, à son arrivée à Paris en 1952), Larry Rivers (qui a concocté un "hommage à Mai 68"), Seppi Imhof, Giovanni Podesta, Jesús-Rafael Soto et Jean-Pierre Raynaud ont aussi contribué à cette "folie" que Jean et Dominique De Menil, propriétaires du terrain, ont soutenue. En 1987, Jean Tinguely a fait don du "Cyclop" à l’État, qui l’a accepté et en a confié la gestion à une association présidée par Mme Georges Pompidou et Pontus Hulten.