Coopération fructueuse

Des créateurs se penchent sur le mobilier

Le Journal des Arts

Le 7 décembre 2001 - 549 mots

Que peut-il y avoir de commun entre l’artiste Fabrice Hybert, le musicien Paul Simonon (bassiste du groupe Les Clash) et le galeriste Edouard Merino ? A priori rien si ce n’est leur appartenance à la nébuleuse culturelle contemporaine. Tous ont cependant accepté de participer au projet « Coopérateur » en concevant un projet mobilier singulier.

PARIS - “Coopérateur”. Le terme ne dissimule pas une secte – même si le champ d’intervention des émules du programme semble s’accroître et contaminer les différents secteurs de la création –, mais une maison d’édition de meubles et d’objets. Créée il y a à peine six mois, l’entreprise s’est déjà constituée un catalogue d’une demi-douzaine de pièces, dont la dernière, un siège conçu par Paul Simonon, doit être présentée dans le courant du mois de décembre. Encore peu diffusées, si ce n’est dans quelques lieux branchés de la capitale, les créations proposées par “Coopérateur” demeurent des objets d’exception, édités à quelques dizaines d’exemplaires et dont les prix oscillent entre 20 000 et 50 000 francs (hormis les enceintes).

Fondé par un triumvirat réunissant un directeur artistique spécialisé dans le design, Vincent Beaurin, un directeur général, Laurent Maréchaux, et un directeur de collection qui a dirigé pendant neuf ans une galerie d’art, Cyrille Putman, le projet repose sur un concept simple et alléchant, puisqu’il consiste à demander à des créateurs, plasticiens, musiciens, ou couturiers, n’ayant jamais réalisé de meubles, de concevoir un projet d’édition. Charge, ensuite, au directeur artistique de concrétiser la proposition et de l’adapter aux critères de faisabilité et aux contraintes de qualité. “Il ne s’agit pas de solliciter des artistes qui s’intéressent, au sein de leur propre démarche, à la fonction du mobilier – comme John Armleder ou Mathieu Mercier, par exemple – mais de créer des passerelles entre les différents domaines de la création contemporaine. Les créateurs sont libres de leurs choix. On constate d’ailleurs un intérêt particulier pour le siège”, précise Cyrille Putman.

En effet, hormis la paire d’enceintes acoustiques conçues par Edouard Merino sur le modèle d’un test de Rorschach, et la table de Richard Hamilton en chêne et en ardoise sur laquelle il est possible d’écrire à la craie, comme sur un tableau noir, le catalogue de “Coopérateur” fait plutôt la part belle au siège, objet culte et emblématique du design. Fabrice Hybert a conçu un élégant fauteuil Couteau suisse dont les formes charnues et la couleur chaude se marient avec humour au métal chromé des tablettes en forme de lames escamotables. Réussissant à évoquer l’objet d’origine sans apparaître démonstratif, l’artiste joue avec l’imaginaire de chacun. Puisant dans tous les registres de la modernité, Bertrand Lavier crée deux sièges hybrides, fruits d’un étrange croisement entre plusieurs standards du design.

La Chaise de Charles et Ray Eames (1948) et la Panton (1959-1960) de Verner Panton semblent s’être accouplées pour donner naissance, grâce à l’esprit malin et à la main experte de Lavier, à un objet métis et décalé. Inspiré du même principe, le mariage du fameux fauteuil Diamond de Harry Bertoia (1950-1952) et du Rocking Armchair Rod de Charles et Ray Eames (1948-1950) compose à son tour un objet qui se situe à mi-chemin du meuble et de la sculpture. Un pur objet du design en quelque sorte.

- Coopérateur, tél. 01 47 64 56 02, e-mail : cooperateur@wanadoo.fr

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°138 du 7 décembre 2001, avec le titre suivant : Coopération fructueuse

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