Dès sa création, l’Inventaire général se donne donc pour mission d’élargir le champ patrimonial, en révélant la valeur d’éléments peu ou pas regardés jusqu’alors. Son organisation se déploie de manière déconcentrée sur le territoire, à travers des commissions régionales rattachées aux Drac (directions régionales des Affaires culturelles), dont la mise en place s’achève tardivement, en 1983. Il faudra attendre également les années 1990 pour que la méthodologie empirique de l’Inventaire soit uniformisée sur l’ensemble du territoire. Dans les années 1980, l’Inventaire crée une cellule « patrimoine industriel ».
La démarche de l’Inventaire repose sur plusieurs principes : une approche systématique et dénuée de critères esthétiques ; une délimitation de chaque programme dans une « aire d’étude » précise ; et un travail in situ, qui repose sur l’observation directe des œuvres. Quelques bornes sont données par le ministère de la Culture pour réduire ce vaste champ d’étude : l’Inventaire ne concerne pas le mobilier détenu par des particuliers ou conservés dans des musées. Il ne peut porter que sur des œuvres datées entre le haut Moyen Âge et trente ans avant le début de l’enquête (1994 pour une étude entamée en 2024 par exemple).
L’Inventaire reste une compétence partagée avec l’État, qui contrôle la rigueur scientifique et établit les normes de ce travail, les Régions étant responsables de la mise en œuvre opérationnelle. Elles doivent ainsi programmer l’Inventaire général sur leur territoire, et sont garantes de la diffusion des résultats auprès du public. La réussite de l’Inventaire repose également sur les partenariats noués avec les autres collectivités et les institutions, au nombre de 155 en 2023. Des protocoles d’accompagnement sont ainsi signés avec des communes, agglomérations ou départements, mais aussi avec des associations et des universités, pour mener un travail d’inventaire sur une thématique définie.
Les SRI sont dirigés par un conservateur régional de l’inventaire, qui opérait avant le transfert de 2004 au sein des Drac. En 2024, les SRI emploient une centaine de chercheurs (historiens de l’art, de l’architecture), une quarantaine de photographes, le même nombre de documentalistes, une vingtaine de gestionnaires de bases de données et neuf dessinateurs cartographes. Ces professionnels documentent par des photographies, parfois des relevés et des plans, les éléments inventoriés lors de chaque campagne. Deux approches différentes existent : l’inventaire topographique, qui inventorie de manière exhaustive le patrimoine mobilier et immobilier d’un territoire donné, et l’inventaire thématique, qui ne s’intéresse qu’à une typologie précise (patrimoine industriel, jardins, décors muraux…) sur un territoire plus vaste. À la demande des partenaires, les SRI peuvent aussi mener des opérations ponctuelles préalables à des travaux ou à un changement d’affectation d’un patrimoine. Tous ces éléments sont ensuite cartographiés et téléversés dans la base de données Gertrude, commune à l’ensemble des régions.
Les publications traditionnelles (comme la collection « Cahiers du patrimoine »), le moyen de diffusion de l’Inventaire longtemps privilégié, sont moins nombreuses depuis 2015. Le versement des dossiers de l’Inventaire vers la plate-forme ouverte « POP » (qui réunit les bases Mérimée, Palissy et Mémoire) n’est pas encore réalisé systématiquement par les SRI : le dernier rapport d’activités du Conseil national de l’Inventaire général évoquait un manque d’effectifs et une incompatibilité entre les bases régionales et nationales pour expliquer cette carence.
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Comprendre l’Inventaire général du patrimoine culturel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°641 du 18 octobre 2024, avec le titre suivant : Comprendre l’Inventaire général du patrimoine culturel