Conservateur en chef du patrimoine, Claude Allemand Cosneau dirige depuis 2001 le Fonds national d’art contemporain (FNAC). À l’occasion d’une exposition à Marseille portant sur une sélection des acquisitions effectuées par l’institution en 2002, nous l’avons interrogée sur les orientations actuelles du FNAC.
Pouvez-vous revenir sur l’histoire du Fonds national d’art contemporain (FNAC) ?
La ligne budgétaire qui permet les achats de l’État aux artistes vivants date de 1791. Au XIXe siècle, les achats sont faits pour être déposés dans les grands musées de province, et les commandes pour les églises, les préfectures, les palais de justice sont nombreuses. Au XXe siècle, l’objectif est de défendre la création contemporaine mais aussi de soutenir les artistes nécessiteux. Avec le Front populaire, une dynamique nouvelle est initiée, mais, après la guerre, il faudra attendre Malraux pour que les achats soient relancés. On commence alors à acquérir des œuvres d’étrangers vivant en France. La forme actuelle du FNAC date de 1976 et, à partir de 1981, les budgets augmentent régulièrement jusqu’à se stabiliser, pour la totalité des acquisitions, à 3,2 millions d’euros par an. 80 % sont dédiés aux arts plastiques, le reste étant pour la photographie et le design. Tous domaines confondus, cela représente environ 650 œuvres acquises chaque année.
1981, c’est aussi l’époque de la création des Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) et du renouveau de collections contemporaines dans les musées de province. Quel est le rapport du FNAC avec ces structures ?
Le FNAC a un budget d’acquisition à peu près équivalent à celui de la totalité des FRAC. C’est une force de frappe qui permet d’acquérir des œuvres majeures, parfois inaccessibles pour les FRAC. Quant aux musées, ils sont représentés au sein de la commission par le rapporteur de la direction des Musées de France (DMF), qui peut proposer une pièce dont on sait d’avance qu’un musée la prendra en dépôt. L’objectif est de faire connaître les œuvres. Nous avons développé ces deux dernières années une action assez volontariste du FNAC envers les différents musées qui ont des sections d’art contemporain. Nous avons fait des dépôts importants à Bordeaux, Nîmes, Nancy. Et Nantes vient de faire une demande pour un dépôt majeur. Nous sommes là pour soutenir les musées d’art contemporain, non pour nous substituer aux collectivités territoriales. Il est très important que les musées aient leur propre budget d’acquisition. L’État peut alors le conforter soit par le biais des FRAM (Fonds régionaux d’acquisition pour les musées) soit par des dépôts. Ceux-ci peuvent être fondateurs d’une collection. À Nantes par exemple, une pièce de Paolini a été le point de départ d’un bel ensemble d’Arte povera. Il est intéressant d’intervenir pour permettre de structurer des ensembles, d’apporter un élan nouveau. Les ouvertures sont nombreuses, en France mais aussi à l’étranger.
Justement, le FNAC a désormais la possibilité de déposer des œuvres à l’étranger. C’est le cas depuis peu au Musée d’art moderne et contemporain de Genève (Mamco), qui a placé des œuvres du FNAC dans le parcours de sa collection.
Oui, depuis un décret de 2000, nous avons cette possibilité et avons espoir de reconduire cette opération avec d’autres structures. Logiquement, nous nous orientons d’abord vers des institutions européennes. Mais pourquoi ne pas mettre en dépôt dans des musées américains pour une durée de six mois une installation d’un artiste qui serait alors invité sur place ? Il s’agit moins là de faire connaître le FNAC comme structure administrative que de présenter des artistes français à l’étranger. Des moyens accrus, en ce sens, sont un « plus » récent, qui, je l’espère, va durer.
Une autre orientation nouvelle est l’organisation par le FNAC d’expositions, comme à Marseille où est actuellement exposée une sélection de ses acquisitions récentes. Comment la politique de diffusion a-t-elle évolué ?
Les demandes de prêts pour les expositions ont beaucoup augmenté ces dix dernières an-
nées. Nous prêtons environ 2 000 œuvres par an, dont beaucoup de photographies. Ce chiffre s’explique en partie par l’informatisation du fonds et sa meilleure gestion. Mais, au-delà des dépôts et de ces prêts, une des orientations prises ces deux dernières années consiste à rendre encore plus visible la collection. Le premier moyen est l’organisation d’expositions à partir de notre seul fonds. Cela a été le cas en 2002 avec une sélection de vingt ans d’acquisitions, présentée au Musée de Grenoble et accompagnée d’une publication aux Éditions du Chêne. Chaque année, nous demandons aussi à un musée de province, intéressé par l’art contemporain, de faire une sélection dans les acquisitions de l’année pour une exposition que nous aidons à produire. Pour les œuvres acquises en 2000, l’exposition a eu lieu à Nancy ; celle de 2001, à Nantes, et la sélection 2002 est actuellement visible à Marseille. L’an prochain, cela devrait être à Rouen. Un autre moyen dont nous disposons est une politique éditoriale soutenue à laquelle participe notre site Internet, qui recense peu à peu les acquisitions (www.fnac.culture.gouv.fr), et l’édition de catalogues de différents formats, monographiques ou concernant des ensembles. Nous préparons ainsi le catalogue de la donation Albers-Honegger (lire le JdA n° 179, 24 octobre 2003) et celui qui paraîtra à l’occasion de l’exposition de design programmée pour octobre 2004 au palais de la Porte dorée, à Paris.
Considéré comme la plus grande collection d’art contemporain en France, le FNAC dépend du Centre national des arts plastiques, établissement public placé sous la tutelle du ministère de la Culture. Depuis 1991, le Fonds dispose de 4 500 m2 de réserves à La Défense pour abriter une partie des 70 000 œuvres dont il est propriétaire. Ces achats d’œuvres d’artistes de toutes nationalités sont examinés par des commissions renouvelées tous les trois ans qui se composent de 4 représentants de l’administration (5 pour la photographie), de 7 personnalités – collectionneurs, critiques ou professionnels – et de 2 artistes.
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Claude Allemand Cosneau, directrice du FNAC
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°181 du 21 novembre 2003, avec le titre suivant : Claude Allemand Cosneau, directrice du FNAC