Clash au Musée Carmen-Thyssen

Par un clash rendu public, Llorens a mis un terme à vingt-deux ans de collaboration avec la collection Thyssen-Bornemisza. Ces démissions interviennent après une décision du conseil d’administration du musée de placer Javier Ferrer, l’ancien chef de cabinet du maire de Málaga Francisco de la Torre, au poste de directeur exécutif du musée. Cette nomination a été approuvée par la baronne Carmen Thyssen-Bornemisza. Cette dernière a mis en dépôt pour quinze ans sa collection de peinture espagnole du XIXe siècle dans un palais du XVIe siècle dont l’aménagement et l’extension ont été entièrement financés par la Ville de Málaga. Selon Thomas Llorens, qui est également l’ancien directeur du Musée Thyssen-Bornemisza de Madrid, « l’orage se préparait depuis décembre. J’ai essayé de retarder jusqu’à la dernière minute cette bataille. Finalement, le maire voulait contrôler le musée puisqu’il l’avait financé ». Llorens estime que l’arrivée de Ferrer réduira le rôle du directeur du musée à celui de marionnette. « Je pars pour préserver ma dignité », nous a pour sa part déclaré María López. 

« Aucun d’eux  n’est indispensable »
La baronne, qui a été scandalisée par la façon dont Llorens a rendu public sa démission, a déclaré : « Cette collection est à moi et j’en fais ce que je veux. Je suis la présidente du conseil d’administration et le maire en est le vice-président. Nous n’avons pas à nous excuser ». Et d’ajouter : « Aucun d’eux n’est indispensable. Thomas [Llorens] a fini son travail au musée et j’espère qu’il continuera d’être un ami. Quant à la démission de María, je suis triste, mais je trouverai quelqu’un d’autre ». La personne en question sera María Lourdes Moreno, directrice du Musée Picasso de Málaga, qui a été engagée quelques jours seulement après le départ de López et Llorens. Moreno prendra ses fonctions en juin. Le maire a simplement déclaré que tout était « rentré dans la normale » au musée.

Selon Llorens, la nouvelle institution « a perdu toute crédibilité artistiquement et historiquement. Je me demande dans quelle mesure le maire n’a pas tendu un piège à la baronne ».