Christophe Kunicki : « Un document médical inédit »

Vous arrive-t-il souvent de faire des découvertes surprenantes dans les collections françaises ?
Cela arrive régulièrement. Par exemple, l’an dernier, le commissaire-priseur parisien Alexandre Giquello a effectué une fouille très étonnante, à l’occasion d’un inventaire réalisé dans un appartement parisien. Il a aperçu, dans le jardin privé, une tête de babouin émergeant du sol, qu’il a fait déterrer. Trois hommes ont été nécessaires pour porter cette statue en granodiorite de 58 cm, figurant le dieu Thot. Elle avait été rapportée d’Égypte à la fin du XIXe siècle et son propriétaire de l’époque en avait faite une sculpture de jardin. Elle a ensuite été volée dans les années 1960 puis rapidement abandonnée, sur le Champs de Mars, sans doute à cause de son poids excessif. Après nettoyage, est apparu un pectoral représentant le prince Iouwelot qui gouvernait le Sud de l’Égypte à la XXIIe dynastie (vers 889-874 av. J.-C.), agenouillé faisant un geste d’offrande au dieu Thot ibis. Des hiéroglyphes gravés décrivent la scène. Nous avons vendu cet objet royal pour 130 000 euros à Drouot le 17 novembre 2006. Un autre exemple porte sur un grand et exceptionnel papyrus que j’avais étudié et décrit pour la vente du 20 décembre 2005 chez Pierre Bergé & Associés. Il avait été acheté en Égypte en 1953. Son acquéreur l’avait conservé comme un simple témoignage d’écriture (cursive issue du hiéroglyphique) sans en connaître la signification. Il s’agissait en fait d’un document médical inédit du Nouvel Empire s’insérant dans la tradition des grands textes médicaux de l’Égypte pharaonique, dont une quinzaine seulement est parvenue jusqu’à nous. Classé trésor national, il a pu officiellement rejoindre les collections du Musée du Louvre en juin dernier grâce au mécénat du groupe pharmaceutique Ipsen.