La ministre de la Culture a détaillé son programme d’action dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne.
PARIS - L’ambiance était nettement plus sérieuse que lors de la présentation, début juin, de la « Saison culturelle européenne ». Le 23 juin, la ministre de la Culture et de la Communication a exposé les priorités de son action dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne (PFUE), qui a démarré le 1er juillet. Alors que l’idée d’un remaniement du gouvernement aurait été reportée à la fin de la PFUE, l’intention était claire : reprendre la main sur ce dossier en réaffirmant que le ministre, c’est elle, et non Renaud Donnedieu de Vabres, l’« ambassadeur spécial chargé de la dimension culturelle », en d’autres termes, le simple ordonnateur des fêtes accompagnant cette présidence (lire le JdA no 284, 20 juin 2008, p. 5).
Sur le fond, Christine Albanel a donc longuement détaillé ses ambitions. Elle souhaite ainsi obtenir du Conseil des ministres du 20 novembre la « communautarisation » du label « Patrimoine européen », créé en 2007. Vieux projet déjà à l’ordre du jour du temps de son prédécesseur, ce label est destiné à mettre en valeur des lieux racontant l’épopée de la construction européenne, comme l’acropole d’Athènes ou les chantiers navals de Gdansk. La ministre de la Culture voudrait obtenir qu’il soit doté d’un secrétariat au sein de la Commission européenne. Plus consistant est le lancement du prototype de « Europeana », nouveau nom du – déjà ancien – projet de « Bibliothèque numérique européenne », dont le coup d’envoi sera donné en novembre. 2 millions de documents seront alors accessibles en ligne, pour un objectif annoncé de 10 millions de documents à l’horizon 2010. Sur ce point, Christine Albanel s’est également engagée à tenter d’impliquer davantage la Commission.
Trafic de biens culturels
Si quelques sujets, nettement consensuels, seront également portés par la France (architecture et développement durable, multilinguisme et diversité culturelle), d’autres pourraient être au centre d’âpres discussions. Ainsi de la lutte contre le piratage et le développement des contenus en ligne, qui devra être accompagnée d’une pédagogie particulière afin de défendre une position française coercitive qui ne fait pas l’unanimité. Un autre thème, qui avait pourtant fait l’objet de plusieurs engagements en décembre 2007, a également été présenté très mollement : la lutte contre le trafic des biens culturels. « La culture n’est qu’une part du sujet », a rétorqué la ministre. Christine Albanel compte notamment s’appuyer sur une résolution du Parlement, adoptée après les conclusions du rapport du député européen Graça Moura, proposant de revoir le mécanisme de contrôle douanier et d’échange d’informations. Mais pour peser face à certains pays où le délit de recel n’existe pas, il faudra davantage que le colloque annoncé sur la mobilité des œuvres d’art, organisé par la direction des Musées de France le 23 octobre. Plusieurs rendez-vous sont par ailleurs au programme : conseil informel des vingt-sept ministres européens de la Culture, les 21 et 22 juillet à Versailles, forum européen des politiques architecturales à Bordeaux (octobre), forum sur l’économie culturelle à Avignon (novembre), et enfin colloque sur la mobilité des artistes à Paris (novembre).
Les conclusions du rapport du député Gilles Carrez (UMP), rendu au nom de la commission des finances de l’Assemblée nationale, sur le projet de loi de finances rectificative pour 2008, confirment les tendances ressenties par les acteurs de la culture. Les gels ont été substantiels, puisque les annulations se chiffrent à 5 858 343 euros pour les autorisations d’engagement, soit une baisse de 0,3 % par rapport à la loi de finances initiale, et à 2 000 533 euros pour les crédits de paiement, soit une baisse de 0,4 %. Tous les programmes sont fortement touchés, seul le programme Patrimoines étant relativement épargné avec une baisse de 0,1 % des crédits de paiement, contre 0,6 % pour le programme Création. Le rapporteur s’inquiète des conséquences : « la cour relève la situation budgétaire déjà très tendue de ces programmes, qui devrait conduire en fin d’année à des reports de plusieurs dizaines de millions d’euros ». Au total, le budget du ministère de la Culture pour 2007 s’est élevé à 2,759 milliards d’euros en autorisations d’engagement et à 2,687 milliards en crédits de paiement. Faut-il rappeler que, en octobre 2006, le ministre de l’époque, Renaud Donnedieu de Vabres, annonçait pour 2007 une hausse vertigineuse des crédits de paiement de son ministère (7,8 %), censés atteindre la somme de 3,2 milliards d’euros ?
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Christine Albanel reprend la main
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°285 du 4 juillet 2008, avec le titre suivant : Christine Albanel reprend la main