Censure à Rome

ROME (de notre correspondante) - Le jour de l’inauguration de l’une des plus importantes expositions de la saison “Rome 1948-1959. Art, chronique et culture du Néoréalisme à la Dolce Vita” (jusqu’au 27 mai), le catalogue était manquant. L’ouvrage signé par onze des conservateurs du Palais des expositions, siège de la rétrospective, n’a été imprimé qu’une semaine après le début de l’événement. Les nombreux journaux qui ont relaté l’incident ont conclu qu’il s’agissait là d’un acte de censure. Faisant fi de toute considération politique, le catalogue avait pour vocation de mettre en lumière les divers aspects de la culture, des coutumes et de la vie sociale entre 1948 et 1959 dans la capitale italienne. En outre, la scénographie et le recours à plusieurs supports, tel le multimédia, soulignaient l’aspiration des commissaires à recréer le climat foisonnant de ces années et non à faire une opération “politique nécessairement à gauche”. Alors que les rotatives tournaient déjà, l’imprimeur a été tenu d’arrêter la fabrication afin que soient insérés deux entretiens, l’un de Fausto Gianfranceschi, ancien responsable des pages culturelles du quotidien Il Tempo, traitant de la culture de la droite, l’autre de Tullio Gregory, historien de la philosophie renommé, abordant la culture laïque, et ce dans l’optique de rééquilibrer la teneur politique du catalogue ! L’éditeur Skira a été directement contacté par le conseil d’administration du Palais des expositions sans que les auteurs aient eu connaissance de cette modification. Une attitude qui en dit long sur le climat qui règne actuellement en Italie.