Un peu plus d’un an après avoir prononcé son discours de politique générale en faveur des arts plastiques, au dernier Congrès interprofessionnel de l’art contemporain, Catherine Trautmann a présenté le 10 février les nouveaux axes de son action. Annonçant un ensemble de mesures touchant un très vaste champ, la ministre a surtout dévoilé son projet de charte des missions de service public pour les institutions d’art contemporain.
PARIS - À l’heure où des Frac connaissent des passes difficiles dans différentes régions (lire notre article en une), Catherine Trautmann a présenté son projet de charte des missions de service public que l’État entend signer avec les lieux de diffusion subventionnés en région. Dans son préambule, le texte dispose que “l’État et ses partenaires doivent garantir, par leur action en faveur des arts plastiques, la liberté de création sous toutes ses formes et prendre en compte le risque artistique inhérent à toute création. Le partenariat entre le ministère chargé de la Culture, les collectivités territoriales et les institutions de diffusion de l’art contemporain doit permettre de créer, pour les artistes, les conditions de cette liberté et de ce respect, et pour le public, celles de l’accès, sans entrave d’aucune sorte, à la pratique et à la connaissance de l’art contemporain”. Outre la gestion et l’organisation des institutions d’art contemporain, ce texte détaille les responsabilités de chacun des acteurs. Dans son discours, la ministre est restée sur une position très ferme, annonçant clairement son intention de retirer toute subvention de l’État en cas de dérogation “aux principes fondamentaux de la liberté d’expression définis par la charte des missions de service public”. Avant d’ajouter : “Si tel était le cas, je demanderais au délégué aux Arts plastiques et aux représentants de l’État en région de se désengager financièrement. Car face aux menaces sur la création, je ne serai pas une ministre du compromis ; il faut que chacun comprenne et mesure la portée de ses actes”. Cette position, qui est à replacer dans le contexte des accords politiques passés au niveau régional entre la droite républicaine et l’extrême-droite, et celui de la montée de mouvements régionalistes, risque néanmoins d’abandonner dans des bras bien mal accueillants des institutions qui avaient auparavant bataillé coûte que coûte pour une haute tenue artistique. Paradoxalement, la ministre semble beaucoup moins pugnace face au licenciement pur et simple, à Villeurbanne, de Yannick Miloux, codirecteur de l’Institut d’art contemporain, et, de fait, héritier des directeurs du Frac Rhône-Alpes.
Cent cinquante emplois jeunes
À côté de ces questions, la ministre a détaillé un certain nombre de mesures qui concernent de nombreux champs de la création. Catherine Trautmann a ainsi annoncé une concertation entre le ministère de la Culture et de la Communication et celui de l’Emploi et de la Solidarité sur le régime de sécurité sociale des artistes auteurs. Le ministère a également réagi aux pétitions et requêtes d’artistes qui souhaitent être davantage entendus et participer aux choix artistiques. Certains demandaient même la direction du nouveau centre d’art du Palais de Tokyo ; finalement n’a été constitué qu’un conseil scientifique réunissant six artistes : Martine Aballéa, Annette Messager, Orlan, Daniel Buren, Alain Jacquet et Bertrand Lavier. Ce lieu, dont la conduite des travaux a été confiée aux architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, devrait ouvrir à la fin de cette année. Ici comme ailleurs, la ministre a insisté sur la nécessité de créer des postes de médiateurs, se félicitant des quatre-vingt-dix recrutements dans le cadre du programme “nouveaux services, nouveaux emplois” et souhaitant atteindre cent cinquante emplois jeunes à la fin de l’année.
Dans le domaine du marché, le régime des plus-values en galerie a été aligné sur celui des ventes aux enchères, passant ainsi de 7 % à 4,5 %. De plus, les sociétés d’exercice libéral (avocats, médecins…) peuvent dorénavant bénéficier d’une réduction de leur imposition sur le revenu, dans la limite de 3,25 ‰ de leur chiffre d’affaires, s’ils font l’acquisition d’œuvres d’artistes vivants et les exposent au public.
Enfin, Catherine Trautmann a rappelé un certain nombre de programmes de commandes publiques liées aux constructions des tramways de Nantes, Montpellier, Orléans, Rouen et Strasbourg. Elle s’est également félicitée de l’installation dans de nouveaux locaux, à plus ou moins long terme, du Frac Pays de la Loire à Carquefou, des Abattoirs à Toulouse, du Frac Lorraine à Metz et du Frac Centre à Orléans.
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Catherine Trautmann défend sa charte
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°99 du 18 février 2000, avec le titre suivant : Catherine Trautmann défend sa charte