À l’encontre de la Ville de Châtenay-Malabry, habitants et défenseurs du patrimoine estiment que l’ensemble de la cité-jardin doit être protégé.
Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Les complications s’accumulent au-dessus du projet de démolition-réhabilitation du quartier de la Butte-Rouge. Portée par la municipalité, cette opération de renouvellement urbain se heurte à une opposition soucieuse de préserver les qualités patrimoniales de la cité-jardin pionnière des années 1930. Après un revers devant le tribunal administratif en juin 2023, un autre devant la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture en septembre 2023, une enquête publique donne raison aux défenseurs de la Butte-Rouge. Portant sur les contours du site patrimonial remarquable (SPR) exigé par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot en 2021, les conclusions de cette enquête sont sévères à l’encontre de la protection patrimoniale a minima proposée par la Ville de Châtenay-Malabry.
Sur les plans de la municipalité, le périmètre du futur SPR (zone protégée sur laquelle un plan de sauvegarde et de mise en valeur remplacera le plan local d’urbanisme comme document d’urbanisme de référence) ne retient qu’une partie de la Butte-Rouge, sans qu’une cohérence patrimoniale ne se dégage du choix des zones exclues de cette protection. L’enquête publique préconise de son côté d’étendre le périmètre à l’ensemble de la cité-jardin : « Je vois un intérêt à protéger la globalité du site en élargissant le périmètre du SPR, estime le rapporteur de l’enquête publique dans ses conclusions. Ainsi, les travaux sur toutes les parcelles y compris les espaces verts nécessiteront un accord de l’architecte des Bâtiments de France. »
L’enquête publique a mobilisé un grand nombre de contributions, d’habitants et d’associations locales, mais aussi de professionnels de l’architecture et du patrimoine : 70 % d’entre eux sont défavorables au périmètre proposé par la Mairie, indiquent ses conclusions. Contrairement à l’argumentation avancée par la Ville pour défendre son projet de démolition-réhabilitation, qui dépeint la Cité comme un ensemble insalubre que ses habitants veulent fuir, le rapporteur relève un grand nombre de contributions évoquant des « années heureuses » passées à la Butte-Rouge et un attachement aux lieux : « La cité-jardin joue un rôle important dans la préservation de l’identité culturelle chatenaisienne et la mémoire collective du logement social », observe-t-il.
Bien que les conclusions d’une enquête publique aient seulement valeur d’aide à la décision pour l’autorité compétente, les associations de défense du patrimoine se réjouissent de ces conclusions. « Avec cette enquête défavorable, et [le fait que] la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture n’a pas rendu d’avis favorable, nous avons tous les éléments en main pour un contentieux », estime Barbara Gutglas, membre de l’association Châtenay Patrimoine Environnement. Soucieuse de faire avancer ce dossier contesté, la Mairie annonçait en avril dernier le lancement des travaux sur un îlot-test. « De la communication ! Ils ont mis du parquet et enlevé des lavabos, mais n’ont pas d’autorisation pour les travaux plus lourds, affirme Barbara Gutglas. S’il y avait eu un permis d’aménager ou de démolition, nous l’aurions attaqué. »
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Butte-Rouge : l’enquête publique est défavorable
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°637 du 5 juillet 2024, avec le titre suivant : Butte-Rouge : l’enquête publique est défavorable