GRENOBLE (RHONE-ALPES) [22.09.15] - Rien ne va plus au centre d’art le Magasin de Grenoble, emblème de la décentralisation réussie de l’art contemporain. Salariés en grève qui demandent le départ de leur directeur en congé maladie pour « burn out » depuis un an et en conflit avec la nouvelle présidente, procédures judiciaires, finances en berne...
Calcul ou bévue ? En demandant le départ de leur directeur, Yves Aupetitallot, les grévistes du Magasin, le centre d’art de Grenoble, ont singulièrement compliqué la situation. Car dans le même temps l’intéressé a saisi la justice prud’homale pour obtenir la résiliation judiciaire de son contrat aux torts de son employeur. En d’autres termes, il souhaite quitter le Magasin avec des indemnités conséquentes. Compte tenu de son ancienneté et de son salaire, l’addition pourrait être salée pour le Magasin ; le total des indemnités légales et judiciaires pourrait dépasser 150 000 euros alors que le budget annuel du Magasin est de 1,3 million d’euros.
Les juges vont devoir démêler une situation où chacun à des griefs à faire valoir.
Du côté des grévistes, soit 11 CDD et CDI parmi 15 salariés, on reproche à Yves Aupetitallot un « défaut de gestion budgétaire et humaine ». Ils dénoncent « un manque de clarté dans les projets [qui] entraîne une surcharge de travail compensatoire de la part des salariés, ainsi qu'un glissement des rôles ». Déjà inquiets d’une situation financière difficile qui menace leur emploi, ces salariés pointent également les surcouts entraînés par le manque de rigueur de leur directeur « En anticipant et en travaillant sur ces productions plusieurs mois en amont, d'importantes économies auraient pu être réalisées ». Ils sont enfin exaspérés par une situation qui perdure depuis plusieurs années, au moins depuis 2008, selon le texte d’une intervention des délégués du personnel lors du conseil d’administration d’octobre 2014 et que Le Journal des Arts a pu lire.
Anne-Marie Charbonneaux, la présidente non exécutive du Magasin depuis février 2013 confirme à demi-mots cette description de la situation. Cependant si elle indique avoir très vite découvert les difficultés financières du Centre d’art, elle affirme n’avoir été informée du désarroi des salariés qu’en 2014. Elle signale en passant qu’Yves Aupetitallot enseigne deux jours par semaine à l’école des beaux-arts de Lyon. Des salariés victimes d’un patron désorganisé et travaillant à temps partiel ? La situation n’est, on s’en doute, pas si simple. Yves Aupetitallot (60 ans) dont personne ne remet en doute qu’il a été l’artisan depuis son arrivée à Grenoble en 1996 du succès du centre d’art est lui-même en congé maladie depuis octobre 2014, pour dépression. Il s’estime « harcelé » par la nouvelle présidente. Ce que confirme Armand Torossian qui a longtemps été membre du conseil d’administration du Magasin, et même trésorier jusqu’à son éviction en mars dernier : « Anne-Marie Charbonneau a progressivement mais de manière répétée et unilatérale contesté puis supprimé les prérogatives essentielles de Yves Aupetitallot pour favoriser l’évolution de sa fonction vers une présidence opérationnelle servie par une directivité à outrance (demandes abusives de reporting, surmultiplication de courriels, etc.) et par des ingérences dans les liens hiérarchiques entre les salariés, leurs tâches et leurs missions dont elle a désagrégé le collectif de travail en divisant ses membres » Il poursuit, « elle a construit l'isolement d’Yves Aupetitallot en le discréditant dans son travail, en le dévalorisant aux yeux de l'équipe et en adressant aux salariés et aux membres du bureau l'injonction de ne pas communiquer avec lui ou encore d'omettre de l'informer de réunions qui concernaient ses travaux ».
Que peut-il se passer maintenant ? On voit mal Yves Aupetitallot démissionner et perdre le bénéfice d’un licenciement. Et comme le divorce semble consommé, reste la résiliation judiciaire de son contrat de travail ou une résiliation à l’amiable. Le prochain conseil d’administration prévu le 30 septembre sera important. Les premiers résultats d’une mission de l’IGAC devraient être communiqués ainsi qu’un audit demandé par la Région au cabinet Deloitte. Après « il faudra moderniser la gouvernance et le modèle du centre d’art » affirme Daniel Janicot, l’ancien président. L’occasion de redéfinir les rapports entre la présidente du CA et le prochain directeur, ainsi que la contribution des différentes collectivités locales financeurs.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Bras de fer psychologique au Magasin de Grenoble
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €