Onomatopée signifiant « Ouah ! ouah ! » au Japon, Bow-Wow est une structure qui a fait de la niche
et du bow-window (baie panoramique) sa spécialité. Ecologique ou simplement domestique, la niche relaie l’idée de l’anfractuosité, de la compacité et d’un espace minimum vital. Associé à Momoyo Kaijima depuis 1992 dans un atelier du très prestigieux campus du Tokyo Institute of Technology où il a étudié, Yoshiharu Tsukamoto, 36 ans, y enseigne désormais.
Après un an passé à l’Ecole de Paris-Belleville en 1987-88, il était cette année de retour en France à l’Institut français d’Architecture. « Les plus petites maisons » est une micro-exposition de modèles réduits, déclinant différentes versions du sweet home nippon : maison ou appartement, ville ou campagne, locataire ou propriétaire. Ce regard typologique s’inscrit dans une double orientation de Bow-Wow. D’un côté, l’analyse théorique de la ville japonaise en général et de Tokyo en particulier ; de l’autre, la médiatisation d’une pratique concrète du travail de l’agence. Made in Tokyo fait l’objet d’une surprenante présentation consultable sur Internet (www.dnp.co.jp/museum/nmp/madeintokyo_e/mit.html) en attendant la parution prochaine d’un ouvrage. Dans les années 60 et 70, le succès économique japonais illustré par son activité économique et ses flux de transport urbain avait été comparé à un gigantesque organisme vivant. Dans le contexte postmoderne des années 80, ce fut l’art contemporain qui regarda la ville se faire et se défaire : art involontaire, empire des signes, archéologie de non-lieux surmodernes (un escalier métallique qui ne mène nulle part, une impasse conduisant à une porte murée). Dans les années 90, à travers le grand succès des théories du chaos et de la géométrie fractale, l’urbanisme prit le relais de l’art. Aujourd’hui, c’est à un mélange de ces trois âges que Yoshiharu Tsukamoto et Momoyo Kaijima nous invitent. Côté cour, la Mini House (1999) semble être la « plus petite maison » par excellence. Confectionnée aux mensurations de la célèbre petite Austin, elle ne concède guère plus d’1,30 m de hauteur au stationnement. Dans la Moca House (2000), il s’agit d’optimiser au mieux des appartements transformables en bureaux. Dans Ani House (1998), c’est simplement l’emplacement des arbres existants sur une parcelle qui vient conditionner l’architecture ; quant à Hasune World Apartment (1995), c’est au chevauchement de deux zones de construction aux réglementations différentes que le bâtiment s’adapte. Côté jardin, les maisons de Bow-Wow, posées dans la campagne japonaise, sont toujours très attentives à leur emplacement, au dégagement des vues, aux conditions climatiques. Dans l’un des plus beaux projets de Bow-Wow, la maison Asama (2001), en touches légères et subtiles, la noirceur du bois brûlé (revêtement extérieur) s’oppose
à la blancheur d’un espace intérieur, dont seule l’ouverture de neuf fenêtres vient créer un dégradé
de blancs. Et comme dans les films de Kiyoshi Kurosawa et d’Imamura, la campagne japonaise est aussi bien un pays de neige chanté par Kawabata (Kawanishi Cottage, 1999 ; maison Saiko, 2001) qu’un sous-bois dans la pluie de pétales de cerisier dans lequel l’entomologiste-amateur vient chasser le phalène (Moth House, extension, 2000).
- A lire : Les plus petites maisons, éd. IFA, 50 F.
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Bow-Wow, apologie du petit
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°527 du 1 juin 2001, avec le titre suivant : Bow-Wow, apologie du petit