Jusqu’ici délaissé par les grandes monographies illustrées, Courbet fait l’objet d’un ouvrage de référence aux éditions Adam Biro.
Spécialiste de la peinture française du XIXe siècle et ancienne conservatrice du Musée d’Orsay et du Musée Fabre de Montpellier, Valérie Bajou s’est attelée, après ses ouvrages consacrés à Fantin-Latour, Frédéric Bazille, Eugène Carrière et Ingres, à l’étude de la personnalité provocante – qui « a retenu et dérangé tous les journalistes de son temps » – et de l’œuvre multiforme de Gustave Courbet.
Trois années de recherches couronnées par l’imposant volume (plus de 400 pages) proposé par les éditions Adam Biro, lequel restitue avec rigueur mais aussi sentiment, ce qui est plus rare, la vie et la carrière du maître du réalisme. « Je dois reconnaître que malgré l’étude, appuyée sur un appareil critique qui tend à prouver mon sérieux et ma bonne foi, chaque tableau balaye mon discours d’émotions irrationnelles, de rêveries interminables, de fascinations enthousiastes, de chutes violentes, avec lesquelles il me faut bien traiter », confesse l’auteur.
Partant du principe que « l’historien sait peu de choses s’il ne retourne pas aux sources », Valérie Bajou s’est plongée avec délectation dans les brouillons du critique d’art Jules Castagnary et dans la correspondance de l’artiste – une mine d’informations publiée en 1996 –, sans écarter l’abondante production suscitée par le peintre depuis une vingtaine d’années. Son ouvrage s’est également nourri d’un examen attentif et sensible des œuvres, une observation enrichie par les analyses du Centre de recherche et de restauration des Musées de France (C2RMF). « Les radiographies prouvent qu’il était consciencieux et même acharné, elles trahissent ses insatisfactions, ses reprises. »
Construit en douze parties thématiques (« Les pères spirituels », « Les tableaux de la misère », « Le pays natal » ou « J’allais oublier la femme »), son livre rappelle les clichés attachés à l’homme pour mieux les dépasser – « Courbet est de ceux qui souffrent le plus des préjugés issus des légendes, des interprétations partisanes, des sarcasmes et aussi des justifications que suscitèrent les épisodes d’une carrière bruyante, scandaleuse, et finalement dramatique » – et replace l’œuvre dans le contexte familial (« Les origines comtoises »), géographique (« Le pays natal), social ou politique de l’artiste et de son temps. Un regret : le traitement réservé aux images. On aurait aimé plus de pleines pages voire de doubles pages illustrées, et des vues de détails moins floues ou pixelisées.
Valérie Bajou, Courbet, éd. Adam Biro, 432 p., 250 ill., ouvrage relié sous jaquette, 98 euros, ISBN 2-8766-375-6.
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Bonjour, Monsieur Courbet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°193 du 14 mai 2004, avec le titre suivant : Bonjour, Monsieur Courbet