PARIS - Nommés en même temps, Geneviève Gallot et Éric Gross viennent l’un et l’autre d’être renouvelés à la direction respectivement de l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad) et de l’Institut national du patrimoine (INP), à Paris.
Nulle coïncidence dans cette simultanéité puisque le second avait succédé à la première. Les deux établissements d’enseignement supérieur, placés sous la tutelle du ministère de la Culture, partagent sensiblement, chacun dans leur domaine, la même feuille de route : internationalisation, élargissement de la diversité sociologique des étudiants, développement de la recherche, augmentation des ressources propres.
C’est sur le plan de la recherche que les grandes manœuvres sont les plus inédites. Leurs établissements ont rejoint l’un et l’autre un pôle de recherche et d’enseignement supérieur (Pres) afin d’espérer être retenu dans le cadre des « initiatives d’excellence » (Idex). Ce programme, piloté par le ministère de l’Enseignement supérieur, vise à doter d’un fonds pouvant atteindre 1 milliard d’euros (abondé par le grand emprunt) six à sept regroupements d’établissements d’enseignement sur tout le territoire national. L’ambition de l’État en la matière est de créer des « fédérations d’institutions » capables de rivaliser avec les grandes universités étrangères et d’entrer dans le fameux classement de Shanghaï. Les produits financiers servis annuellement par ce fonds (totalisant entre 20 et 50 millions d’euros) permettront de financer des programmes bien identifiés. Le regroupement des seize institutions (dont l’université Paris-Dauphine et le Collège de France) auquel appartient l’Ensad, intitulé « PSL » (Paris Sciences et Lettres), a justement été sélectionné en juillet. Au sein de PSL, quatre écoles d’art (l’Ensad, l’École nationale supérieure des beaux-arts, le Conservatoire national supérieur d’art dramatique, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris) se sont associées, après s’être adjoint l’École normale supérieure, pour développer un programme de recherche interdisciplinaire et mettre en place un doctorat en art.
Levier de dynamisme
Le groupement auquel appartient l’INP, fièrement dénommé « Paris Novi Mundi Université » (dont font partie Paris-I, l’INP, l’École nationale d’administration et l’École des chartes), a été recalé en 2011, mais espère bien être sélectionné lors de la deuxième vague, en février 2012. Lui aussi travaille sur un projet de doctorat, spécialisé en sciences de la conservation et de la restauration, prévu pour 2013.
De son côté, Éric Gross milite activement pour un autre regroupement, le « centre d’étude, de conservation et de restauration du patrimoine », qui doit rassembler le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) et le Laboratoire de recherche des monuments historiques, autour des réserves des grands musées parisiens à Cergy-Pontoise. Initialement prévue pour 2012, reportée en 2015, la construction de ce centre bute sur le problème du financement public d’un nouvel équipement très coûteux (estimé à près de 250 millions d’euros). Le directeur de l’INP souhaiterait relocaliser à Cergy-Pontoise le site de Saint-Denis, qui accueille le département de restauration dont la démolition du bâtiment est prévue en 2013. Mais si l’un et l’autre voient dans ces regroupements un levier de dynamisme pour le futur, ils doivent aussi composer avec un présent, et notamment rechercher des ressources propres afin de financer le soutien aux candidats issus de quartiers prioritaires ou l’envoi de leurs étudiants à l’étranger. Une démarche à laquelle ils sont mal préparés.
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Big is beautiful
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°359 du 16 décembre 2011, avec le titre suivant : Big is beautiful