Au travers d’expositions organisées au Louvre ou au Musée de Rouen, la céramique gagne un nouveau statut. Loin de la cantonner aux arts décoratifs, les artistes contemporains la choisissent pour leurs productions.
Phénomène nouveau, la céramique contemporaine commence à s’immiscer dans les musées traditionnels. Jusque-là cantonnée dans quelques galeries spécialisées ou mise en avant lors des événements majeurs que sont les biennales de Châteauroux (Indre) et de Vallauris (Alpes-
Maritimes) (lire l’encadré), elle fait désormais l’objet d’expositions d’un nouveau genre. Lors de ses « Contrepoint » – destinées à réintroduire la création contemporaine dans le vieux palais –, le Musée du Louvre, à Paris, avait déjà consacré un volet entier à la céramique. Mais, jusqu’à l’été, c’est au Musée de la céramique de Rouen que l’on pourra revoir, dans le cadre de « Céramique Fiction », quelques-unes des pièces produites par la Manufacture nationale de Sèvres pour la manifestation parisienne, complétées par une sélection d’œuvres de la Biennale de Châteauroux de 2005 et par quelques créations nouvelles.
Depuis deux ans, grâce à l’initiative de Christine Germain-Donnat, sa directrice, le Musée de la céramique de Rouen, consacré aux productions traditionnelles de faïences locales, s’est en effet ouvert à la création contemporaine. Car celle-ci permet aussi de renouveler le public traditionnel, en attirant des visiteurs plus jeunes, mais aussi des amateurs d’art contemporain, souvent peu familiers de ce type d’établissement. En 2004, l’artiste Carole Chebron avait ainsi pu dévoiler dans l’une des salles du musée une installation de porcelaine. C’est l’une des spécificités de cette nouvelle génération d’expositions de céramique : renouveler les modes de présentation, tel l’art contemporain.
Médium ordinaire
Les pièces, parfois monumentales, de « Céramique Fiction », ont ainsi été disséminées dans les salles d’exposition permanente du Musée de la céramique ainsi que dans celles du Musée des beaux-arts, et offrent des confrontations réjouissantes avec les œuvres de ces deux institutions. Mais, alors que la céramique est présentée traditionnellement sous vitrine, tels les objets d’art précieux, elle y est ici exposée comme la sculpture, sans mise à distance physique. « Au sein du musée, cela a été considéré, au départ, comme une hérésie ! » confesse Christine Germain-Donnat. C’est pourtant l’un des points forts de cette exposition, et également l’un des intérêts majeurs de la céramique contemporaine, qui est désormais envisagée comme un médium ordinaire pour les artistes, au même titre que la peinture, la photographie, la sculpture ou la vidéo. « Si de plus en plus d’artistes se mettent à pratiquer la céramique, rares sont ceux qui se disent céramistes, confirme la directrice. Dans leur démarche, il n’y a pas de volonté de mise en avant d’un transfert de savoir-faire. » Pour Dominique Angel, Louise Bourgeois, Paul-Armand Gette, Elsa Sahal ou Jean-Luc Vilmouth, quelques-uns des artistes exposés, la volonté est clairement de s’exprimer, par le biais de ce matériau très tactile, sur des thèmes tel celui du corps, omniprésent dans cette exposition.
Jusqu’au 19 juin, Musée de la céramique, 1, rue Faucon, 76000 Rouen, tél. 02 35 07 31 74, tlj sauf mardi et jours fériés, 10h-13h et 14h-18h, Musée des beaux-arts, esplanade Marcel-Duchamp, 76000 Rouen, tlj sauf mardi et jours fériés, 10h-18h, tél. 02 35 71 28 40, www.rouen-musees.com
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Au-delà des arts décoratifs
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Abonnez-vous dès 1 €Grâce au rythme de la biennale, les amateurs de céramique contemporaine pourront, cette année encore, après Châteauroux en 2005, parcourir les nombreuses expositions organisées dans le cadre de la Biennale internationale de céramique contemporaine de Vallauris. Créée en 1966 dans la célèbre ville de potiers, celle-ci ouvrira ses portes début juillet. S’il est l’occasion de récompenser par des prix des créateurs dans trois sections – dédiées cette année « au contenant, au design et à la céramique architecturale, sculpturale ou conceptuelle » –, ce grand raout des arts de la terre, dont Yves Peltier assure cette année le commissariat, est aussi l’occasion de découvrir le meilleur de la production contemporaine. Cette année, la Chine est invitée d’honneur, avec notamment une exposition « Huang Yong Ping » au Musée national Picasso du 1er septembre au 20 novembre. 19e Biennale internationale de céramique contemporaine de Vallauris, du 1er juillet au 20 novembre, expositions, conférences et films pendant toute la durée de la biennale dans plusieurs lieux et musées de la ville, rens. biennale.vallauris.free.fr
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°236 du 28 avril 2006, avec le titre suivant : Au-delà des arts décoratifs