Le Musée irlandais d’art moderne de Dublin n’attendra pas de savoir si les dessins de la collection Barry Joule sont vraiment de la main de Francis Bacon pour les exposer. Mais la succession de l’artiste, opposée au projet, a interdit au musée d’utiliser son nom. Un compromis a toutefois été trouvé, l’exposition s’intitulera « Les archives Barry Joule : œuvres attribuées à Francis Bacon ».
DUBLIN (de notre correspondant) - En lui interdisant d’utiliser le nom du peintre, la succession Francis Bacon contraignait le Musée irlandais d’art moderne (Irish Museum of Modern Art - IMMA) à une étrange exposition, uniquement composée de dessins d’un artiste anonyme. Ainsi, le nom de Bacon aurait été absent à la fois du titre de l’exposition, des panneaux explicatifs, des cartels, du catalogue et de la publicité. Toutefois, les indices n’auraient pas manqué : le nom du propriétaire des œuvres, Barry Joule, connu grâce son amitié avec Bacon, y aurait figuré de façon ostensible, et les dessins, aux traits tourmentés et aux corps déformés, seraient apparus comme caractéristiques d’un célèbre peintre anglais originaire d’Irlande... Après de longues négociations, l’exposition débutera le 20 février sous un titre savamment pesé, “Les archives de Barry Joule : œuvres attribuées à Francis Bacon”. “Même sans l’autorisation des administrateurs, je n’aurais pas renoncé à l’exposition”, confie Declan McGonagle, directeur du musée. Après avoir vu les dessins appartenant à Barry Joule, ce dernier y avait vu l’occasion d’inaugurer les nouvelles salles de l’IMMA avec une exposition d’œuvres inédites de Francis Bacon. Mais la succession de l’artiste avait réagi très négativement au projet. Les relations s’étant aujourd’hui améliorées entre le musée, Joule et la succession, le directeur se dit satisfait du compromis.
“À vous de juger”
“Je fais confiance à l’IMMA qui m’assure que l’exposition sera sérieuse, et je me réjouis de cette occasion de montrer les archives au public. Nous désirons éviter toute controverse inutile”, déclare pour sa part Brian Clarke, exécuteur testamentaire de Bacon et artiste lui-même, ajoutant qu’à ce stade de la connaissance de l’œuvre, “nous n’aurions pas pu permettre que les dessins soient présentés comme étant de la main de Bacon.” L’expertise ne sera de toute façon pas entreprise avant la fin de l’exposition (lire en Une). “Nous ne sommes pas un musée qui impose ses vues et nous sommes heureux de susciter un débat. Nous présentons des œuvres qui tranchent avec le reste de la production du peintre et dont l’attribution est incertaine”, admet Declan McGonagle. Mais sans être spécialiste de Bacon, il constate le consensus croissant sur l’authenticité des archives Joule. Son message au public est clair : “Il existe un désaccord sur les archives Joule. Voici les œuvres. À vous de juger.”
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°92 du 5 novembre 1999, avec le titre suivant : « Attribué à... »