De nombreuses doléances ont été formulées par les acteurs de l’art contemporain, dont près de neuf cents étaient réunis à Tours les 30 et 31 octobre pour le premier Congrès interprofessionnel de l’Art contemporain. Invité à clore ces journées de travail, le ministre de la Culture, Philippe Douste-Blazy, a présenté un catalogue de manifestations éloignées des préoccupations des congressistes.
TOURS - Les périodes de crise sont souvent l’occasion de resserrer les rangs. Un an tout juste après avoir été touché par un collectif budgétaire, le monde des professionnels de l’art contemporain, souvent très divisé, s’est finalement décidé à se réunir pour la première fois cet automne à Tours.
Rassemblés sous la houlette d’une douzaine d’associations professionnelles (des directeurs de centres d’art aux galeristes, en passant par la nouvelle Association des régisseurs et chargés de mouvement d’œuvres d’art), les nombreux participants, pour la plupart des institutionnels, ont exposé leurs attentes et leurs revendications dans une ambiance particulièrement tendue.
Une atmosphère d’États généraux régnait en effet sous la voûte du Centre de congrès Vinci, vaisseau amiral ancré par Jean Nouvel en face de la gare de Tours. L’assistance n’hésitait pas à manifester violemment son opposition aux intervenants, certains huant même Daniel Buren lorsque celui-ci a déploré la fermeture de l’Institut des hautes études en arts plastiques après le désengagement de la Mairie de Paris.
Cependant, le fait que peu d’éléments nouveaux aient été apportés lors des diverses conférences et tables rondes, qui se voulaient parfois plus "théoriques", a clairement montré que les enjeux du congrès se situaient ailleurs. Les revendications formulées par les différents porte-parole des associations professionnelles concernent plus concrètement le fonctionnement des structures chargées de l’acquisition, de la diffusion et de la conservation de l’art contemporain, ainsi que l’enseignement artistique. La question des statuts a été plusieurs fois soulevée, que ce soit pour les écoles d’art, pour les collections des Frac ou pour le personnel de ces derniers. Certaines revendications sont mêmes contradictoires, comme la suppression du droit de suite qui oppose galeristes et artistes, dont les intérêts sont défendus par un nouveau Comité des artistes-auteurs plasticiens.
Le congrès a réussi à la fois à cristalliser les attentes des différents acteurs du monde français de l’art contemporain et à mettre en évidence la mobilisation d’un grand nombre d’entre eux, toutes professions confondues. Dans cette perspective résolument revendicative face au ministère, il peut paraître saugrenu que l’on ait proposé à Philippe Douste-Blazy de prononcer le discours de clôture du congrès, lui donnant ainsi l’occasion de rassembler ses ouailles.
Pourtant, ses propos n’ont pas convaincu. S’il a annoncé la signature de conventions triennales entre les Frac/Centres d’art et leurs partenaires publics, comme le demandaient ces institutions, et confirmé le maintien des budgets d’acquisitions et de commandes pour 1997, Philippe Douste-Blazy a présenté, à défaut d’une politique de fond, un ensemble de projets (voir encadré). À l’adresse du Comité des galeries d’art, le ministre a enfin annoncé pour le printemps 1997 un symposium sur le marché de l’art, et la poursuite des aides aux galeries françaises pour les foires de Bâle, Chicago et Cologne. Il semblerait pourtant que la Direction des Arts plastiques doive envisager, pour la foire allemande, de suspendre son aide, qui n’est pas conforme aux directives européennes.
Catalogue
Philippe Douste-Blazy a annoncé l’instauration prochaine des "dix jours de l’art contemporain", mais sans préciser de date. Des sculptures du vingtième siècle, de Rodin à nos jours, vont être installées dans le jardin des Tuileries sur proposition de l’artiste Alain Kirili. Un programme d’aménagement des jardins du château d’Oiron va être confié à des plasticiens et des paysagistes à partir de l’été 1997. La politique de commande publique va être maintenue et, à Bourges, le Palais Jacques Cœur fera l’objet de projets spécifiques dont la direction artistique serait confiée à Jean Clair. Il a été demandé à France 2/France 3 de réfléchir à un projet de diffusion d’une émission régulière consacrée à l’art contemporain, tandis que le ministre donnait son accord de principe pour une chaîne thématique sur le bouquet numérique. Son coût reste cependant prohibitif : 40 millions de francs par an.
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Art contemporain : chacun son Tours
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Art contemporain : chacun son Tours