Entretien

Alison Weaver : « Être sur un campus vous donne de la liberté »

Directrice du Moody Center for the Arts de l’université Rice

Alison Weaver est devenue directrice du Moody Center for the Arts de l’université Rice après plusieurs années passées au Solomon R. Guggenheim Museum à New York, où elle a notamment été directrice des musées affiliés.

Pourquoi Rice a-t-elle décidé de se doter d’un centre d’art ?
Les facultés de musique et d’architecture font déjà partie du « top 5 » aux États-Unis et Rice était arrivé à un tournant. Il y a une certaine continuité avec la galerie d’art [qui est absorbée par le Moody, NDLR]. Mais c’est surtout la reconnaissance du besoin d’avoir une plateforme pour la créativité. Un espace où la pensée créative est encouragée mais non liée à une faculté en particulier. C’est d’ailleurs l’une des forces du Moody que de ne pas héberger une faculté d’art : nous sommes également ouverts à toutes les disciplines sur le campus.

Quel est l’intérêt de cette interdisciplinarité que vous prônez ?

Chaque faculté a sa propre créativité et force d’innovation, que vous soyez dans les arts ou l’ingénierie. Tous les domaines induisent des manières créatives de résoudre les problèmes. Ce que nous faisons ici, c’est reconnaître que certaines des idées les plus créatives émergent lorsque les disciplines se rencontrent. Donc si vous êtes profondément « englué » dans un domaine, cela est utile de prendre du recul, de se mélanger à d’autres domaines, de s’exposer aux arts et au processus créatif. Je trouve cela très avant-gardiste.

Les étudiants vont-ils, par l’art, apprendre à penser ? 
C’est notre objectif et notre espoir, absolument. Je pense que la façon dont les étudiants apprennent aujourd’hui, c’est la façon dont les artistes pensent aujourd’hui. Les meilleurs artistes sont ceux qui pensent large. Et les étudiants apprennent au sens plus large en raison des technologies, en raison d’Internet. Nous sommes exposés à une large gamme d’idées, de disciplines et d’expertises. Donc pour moi, les artistes montrent la voie et les étudiants suivent juste derrière. Ils ne sont plus limités par aucune discipline.

À titre personnel, après votre expérience au Guggenheim, espérez-vous expérimenter ici davantage ?
Tout à fait, expérimenter de nouvelles choses dans l’art, c’est l’une des raisons pour lesquelles je suis venue ici. Pour avoir la liberté de démarrer un programme de zéro et le faire de manière réellement innovante. Être sur le campus d’une université vous donne un niveau de liberté, de flexibilité et de créativité qu’un grand musée d’art ne peut pas offrir.

Quelle est la principale différence avec un musée traditionnel ? 
De ne pas avoir de collection ! Nous ne collectionnons pas et cela nous libère et permet de penser à ce que l’art peut proposer en tant que plateforme pour le débat et non en tant que cabinet de curiosités.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°476 du 31 mars 2017, avec le titre suivant : Alison Weaver : « Être sur un campus vous donne de la liberté »

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