Alain Séraphine - Le droit de cité

Ses projets, qu’il eut fertiles, naquirent tous dans le songe, là où gisent – intacts – l’invention et le bricolage, deux mots majeurs chez ce créole diablement imaginatif.

Depuis son diplôme, obtenu en 1975 aux Beaux-Arts de Toulouse, le Réunionnais n’a cessé de promouvoir le savoir-faire, cette mise en œuvre poétique d’un désir. Quiconque, pourvu qu’on l’y encourage, est susceptible de transformer le cours et le cœur de la cité. Imprimeurs, vidéastes, musiciens, architectes, sociologues : nombreux sont les « artistes impliqués » à avoir rejoint ces aventures printanières, ces odyssées séraphines – depuis la création de l’École supérieure d’art (1991) jusqu’à celle de la Biennale arts actuels (2007) en passant par la naissance du studio d’animation Pipangaï (1995).

C’est parce que l’art est une religion qu’Alain Séraphine est hanté par Ambroise Vollard, ce compatriote tutélaire, et l’abbé Grégoire, ce pédagogue oublié. Une religion sans dieux ni maîtres, juste avec des apôtres de la beauté et quelques camarades rêveurs. Le rêve, encore. Étrange et pénétrant, comme devant les paysages du Port qu’il a singulièrement remodelés. Artiste, urbaniste, entrepreneur, élu, Alain Séraphine n’est pas homme à s’endormir. Pas même à dormir, ou si peu : seules les nuits courtes offrent des songes diurnes.