À Caen et Valence, retour sur les riches heures de l’art religieux et séculier au Moyen Âge.
L'histoire de la Sicile, de la conquête par les Normands au XIe siècle à l’influence arabo-normande qui marque l’architecture de Palerme au XIXe, reste méconnue. L’exposition du Musée de Normandie, à Caen, se penche sur l’importance de cet épisode pour l’île. Réalisée conjointement par l’institution caennaise et l’université de Palerme, la manifestation est scandée en trois grands chapitres, « Le temps de la conquête », « Le retour des Normands », « Le souvenir normand dans la culture populaire », qui réunissent peintures, sculptures, gravures et objets.
Au début des années 1020, des seigneurs normands, descendants de guerriers vikings, sont engagés comme mercenaires auprès de princes lombards et des Byzantins qui se disputent alors le pouvoir au sud de Rome. Les Normands vont finalement organiser leur propre conquête, jusqu’à constituer un royaume et reprendre Palerme aux Musulmans. La ville devient la capitale de ce nouvel État et l’un des ports les plus importants de Méditerranée, connaissant son heure de gloire au milieu du XIIe siècle. La première croisade a lieu entre 1095 et 1099, et en 1130, Roger II, neveu du conquérant normand Robert Guiscard, devient roi de Sicile. En 1194, l’accession à la tête du Saint-Empire romain-germanique de Henri VI de Hohenstaufen – époux de Constance de Hauteville, fille de Roger II de Sicile – entraînera la fin de la dynastie normande. Le règne de Roger II a pourtant représenté pour la Sicile une période particulièrement riche sur le plan artistique et culturel. Aujourd’hui encore, Palerme conserve de remarquables édifices où se mêlent les influences médiévales arabe et normande. Comme à l’époque musulmane, Palerme au temps des Normands est une capitale puissante et indépendante. Les siècles suivants garderont le souvenir de cette époque fastueuse. À la suite de Viollet-le-Duc, les églises, les palais et résidences privés construits au XIXe siècle s’en inspirent. En 1891, l’exposition nationale, à Palerme, rend hommage à cet « âge d’or sicilien » par le biais de pavillons de style normand, abritant un mobilier néogothique. Cet héritage est également relayé par les arts populaires – l’exposition présente une remarquable Charrette décorée des épisodes des batailles des rois normands –, les spectacles de marionnettes (Opera dei Pupi), le théâtre, l’opéra…
« Les Normands en Sicile » offre un large panorama du sujet en s’appuyant sur les prêts significatifs de collections normandes, mais aussi d’institutions palermitaines comme la Galerie civique Empedocle Restivo ou la Galerie régionale de Sicile du palais Abatellis.
- Commissaires : Gabriella D’Agostino, Jean-Yves Marin, Jean-Marie Levesque, Alice Gandin LES NORMANDS EN SICILE XIe-XXIe SIÈCLES, HISTOIRE ET LÉGENDES, jusqu’au 15 octobre, Musée de Normandie, château, 14000 Caen, tél. 02 31 30 47 60, www.musee-de-normandie.eu, tlj 9h30-18h. Catalogue, éd. des Cinq continents, 180 p., 100 ill., 30 euros.
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Âge d’or sicilien
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Abonnez-vous dès 1 €Avant la fermeture du Musée de Valence pour travaux de rénovation, une importante exposition est organisée autour de l’histoire du Palais épiscopal qui l’abrite depuis 1911. Le propos est élargi au groupe cathédral, lequel inclut la cathédrale Saint-Apollinaire, le baptistère et les églises environnantes. Une histoire longue de 1 600 ans, du IVe siècle à nos jours, est ici relatée par le biais d’objets archéologiques issus des plus récentes campagnes de fouilles, mais aussi de documents d’archives, peintures, fragments d’architecture et objets liturgiques. Parmi les rares monuments médiévaux de Valence encore visibles aujourd’hui, l’ancien évêché a été étonnamment peu étudié jusqu’ici. L’ouvrage publié à l’occasion de l’exposition est ainsi le premier à en retracer l’histoire. « De mémoires de palais, archéologie et histoire du groupe cathédral de Valence », Musée des beaux-arts et d’archéologie, 4, place des Ormeaux, 26000 Valence, jusqu’au 1er octobre. Catalogue, 300 p., 32 euros.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°241 du 7 juillet 2006, avec le titre suivant : Âge d’or sicilien