Musée

Accroître l’autonomie

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 10 juin 2009 - 574 mots

Trois députés plaident pour une généralisation du statut d’établissement public administratif.

PARIS - Après audition des principaux acteurs de la politique des musées, menées de février à avril 2009, la Mission d’évaluation et de contrôle (MEC) de l’Assemblée nationale a rendu publics, le 3 juin, les résultats de ses travaux, appuyés sur des enquêtes récentes de la Cour des comptes. Rédigé par les députés Richard Dell’Agnola (UMP), Nicolas Perruchot (NC) et Marcel Rogemont (SRC), ce rapport, qui formule 22 propositions « pour libérer les énergies des musées », jette un pavé dans la marre en proposant de transformer tous les musées nationaux en établissements publics administratifs (EPA), quitte à regrouper en « archipels » les plus petits. Le Louvre, transformé en EPA en 1993, a ainsi servi d’exemple – et parfois de contre-exemple. « La mission ne méconnaît pas le caractère novateur de sa proposition soulignent les rapporteurs. Elle la sait pourtant réaliste au bénéfice de mesures pragmatiques d’accompagnement, associant recomposition du paysage muséal, mutualisation des moyens et contractualisation ». L’objectif serait ainsi d’accroître la responsabilisation des musées, liés à leur tutelle par des relations contractuelles, et d’en améliorer la gestion, notamment en termes de ressources humaines. « Autonomie n’est pas indépendance », rappelle ainsi le document. « La perte en ligne actuelle vaut largement le coût de l’instauration de cette mesure », a plaidé Marcel Rogemont. À condition d’éviter les dérives de la masse salariale, celle-ci ayant explosé de 53 % au Louvre depuis son passage en EPA. La Révision générale des politiques publiques (RGPP) n’a prévu la création que de trois nouveaux établissements publics (Fontainebleau, Sèvres et Musée Picasso, le Musée de l’Orangerie devant être rattaché à Orsay).

Relations partenariales
Destiné à évaluer la politique des musées, le rapport s’attarde également sur l’instauration, en avril dernier, de la gratuité pour les moins de 26 ans et les enseignants. Sceptiques sur son efficacité, les députés souhaitent qu’une étude soit lancée à l’issue d’une année afin d’en mesurer les conséquences. Le coût global de cette mesure est en effet estimé à 30 millions d’euros, dont 10 millions d’euros pour le Musée du Louvre. « Or cela équivaut au coût de l’ensemble du personnel de médiation du musée », relève Marcel Rogemont. D’autres recommandations concernent les relations entre la Réunion des musées nationaux (RMN) et les musées. Le document évoque les rapports notoirement conflictuels entretenus avec le Louvre, préconise d’établir de réelles relations partenariales avec les musées à compétence nationale et de leur désigner un représentant au sein du conseil d’administration de la RMN. Les députés réaffirment par ailleurs leur souhait de voir le ministère définir une politique claire en matière d’édition et de gestion des fonds photographiques, fonctions connexes aux musées, suivant en cela les préconisations de la Cour des comptes (lire le JdA n° 300, 3 avril 2009, et n° 301, 17 avril 2009). Concernant le Musée du Louvre, l’évolution de la conjoncture suscite l’inquiétude des députés : « Si le musée devait perdre 500 000 visiteurs payants, son résultat d’exploitation deviendrait négatif et sa situation financière pourrait devenir problématique. » D’autant que la situation économique affecte déjà la rentabilité du fonds de dotation abondé par la manne d’Abou Dhabi. De 10 à 12 % de taux de rendement prévu initialement, celui-ci peinerait aujourd’hui à atteindre les 5 %. Sur le sujet d’Abou Dhabi, les députés ont par ailleurs émis le souhait d’entendre une fois par an les responsables de l’Agence France Muséums.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°305 du 12 juin 2009, avec le titre suivant : Accroître l’autonomie

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