Loi sur les musées ou Cité de l’architecture et du patrimoine, l’année 2001 devrait voir l’aboutissement
de projets à l’étude depuis plusieurs années et régulièrement retardés. Au cours de l’année seront par ailleurs renouvelés des postes clés dans les musées français.
PARIS - Les progrès laborieux de la loi sur l’archéologie préventive ont marqué l’année 2000, de même que l’adoption de la réforme des ventes aux enchères – dont la mise en œuvre pourrait à nouveau être retardée. 2001 devrait à son tour voir aboutir quelques projets à l’étude depuis plusieurs années. À commencer par la loi sur les musées. Présentée en 1994, la loi Toubon n’a finalement jamais vu le jour, enterrée sous les craintes du jacobinisme. Après un rapport rendu l’hiver dernier par la commission parlementaire présidée par Alfred Recours (lire le JdA n° 101), la tendance est aujourd’hui à une désétatisation progressive des établissements nationaux, et à la création attendue d’un label “Musée”. La Culture avait indiqué sa volonté de présenter un projet de loi avant l’automne, afin de faire voter le texte en 2001. Adopté en commission interministérielle, l’avant-projet, qualifié de “consensuel” est actuellement à l’étude au Conseil d’État. Après une audience prévue en début d’année, le texte devrait donc être finalisé à la fin du mois de janvier, et passer à l’Assemblée au printemps.
Dans le même temps, le ministère travaille à un projet de loi sur la protection des objets mobiliers attachés à des monuments historiques. Les dispositions envisagées tendraient à faire des cheminées, lambris et éléments de mobilier présentant un “caractère exceptionnel”, des immeubles par destination, afin d’éviter le dépeçage de certaines demeures par des propriétaires malveillants.
L’affaire des châteaux japonais (Rosny-sur-Seine, Louveciennes...) avait révélé l’insuffisance des moyens légaux pour prévenir ce type de vandalisme. Par ailleurs, la future loi prévoira la possibilité de classer des ensembles mobiliers, plutôt que de procéder objet par objet. La discussion interministérielle en cours devrait s’achever au début de l’année, et le projet pourrait être présenté en Conseil des ministres à la fin du premier semestre.
Par ailleurs, dans le cadre de la loi sur la société de l’information, sera incluse la réforme de la loi de 1979 sur les archives. L’objectif est d’en démocratiser l’accès et surtout de réduire au maximum les délais. En revanche, la nécessaire extension des Archives nationales n’est pas pour demain, puisque, comme nous l’a indiqué Philippe Bélaval, directeur sortant, la recherche d’un site approprié en région parisienne n’a toujours pas abouti.
Pour la Cité de l’architecture et du patrimoine, le site est certes désigné depuis longtemps, mais la tutelle n’a pas manifesté un zèle excessif en vue d’aboutir à une réouverture rapide du palais de Chaillot. Cette fois-ci sera peut-être la bonne. Après bien des retards et des tergiversations, l’avant-projet définitif de la Cité devrait être remis d’ici la fin du mois, et les travaux de restauration et d’aménagement pourraient commencer au printemps. En revanche, l’ouverture d’espaces d’exposition à Chaillot dès cette année est annulée ; de même, l’installation de l’Institut français d’architecture dans un des pavillons avant la fin des travaux n’est plus à l’ordre du jour. Le budget affecté à ce projet reste inchangé à 294 millions de francs. À quelques centaines de mètres de là, le Centre de la jeune création au palais de Tokyo ouvrira comme prévu à l’automne, sous le houlette de Nicolas Bourriaud et de Jérôme Sans, si les travaux commencent bien en janvier.
2001 verra également le départ de deux figures des musées français. Nommée à la tête de la Direction des musées de France (DMF) en juillet 1994, Françoise Cachin quittera son poste en janvier, laissant à son successeur des prérogatives (coordination des établissements nationaux, inspection et conseils dans les musées classés et contrôlés) sans doute amenées à êtres modifiées par la nouvelle loi. Le mandat du président-directeur général du Musée du Louvre, Pierre Rosenberg, arrive à terme en avril. Sous sa houlette, et sous celle de son prédécesseur Michel Laclotte, l’établissement s’est profondément transformé : construction de la pyramide, départ du ministère des Finances, ouverture de nouvelles salles, accueil bon gré mal gré des “arts premiers”. Le Grand Louvre accueille aujourd’hui entre 4,5 et 5,5 millions de visiteurs (dont 70 % d’étrangers) chaque année contre 3 avant sa métamorphose. Mais celle-ci, visant la réalisation du plus grand musée au monde, s’est faite au prix d’un parcours laborieux et labyrinthique des collections, de files d’attente décourageantes, surtout pour ceux qui ne souhaitent qu’une brève visite. Rendre les œuvres plus immédiates et plus accessibles, replacer davantage le musée dans la cité, tels sont certains des défis à relever.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
2001 en chantiers
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°118 du 5 janvier 2001, avec le titre suivant : 2001 en chantiers