Avant d’être la prestigieuse manifestation que l’on connaît aujourd’hui, la Biennale internationale des Antiquaires a connu des débuts plus modestes. Son ancêtre, la Foire des antiquaires de France, est né en 1956 porte de Versailles avant de briller de tous ses feux au Grand Palais. Petite histoire d’un salon dont beaucoup de participants s’inquiètent du retard pris dans la restauration du bâtiment voisin des Champs-Élysées.
L’idée de créer un salon d’antiquaires fit son apparition au milieu des années cinquante. Elle germa dans la tête de quelques jeunes professionnels avides de changement dont Édouard Bresset, Marc Revillon d’Apreval et Bernard Lorenceau soutenus par Pierre Vandermeerch, le président fondateur. “Nous étions cinq jeunes loups, la trentaine tout au plus, souvent moins, curieux de tout, passionnés par notre beau métier, avec une envie énorme de décrocher la lune. Nous avions un rêve, celui de mettre en œuvre une manifestation où une foule brillante d’amateurs d’art et de collectionneurs serait présente, où l’élégance, le prestige et la fête seraient au rendez-vous”, se souvient Édouard Bresset. La Foire des antiquaires de France, ancêtre de la Biennale vit le jour en 1956.
Elle s’installa pour quatre ans au palais des Expositions, porte de Versailles, “au voisinage des Frigidaires et des machines à laver”, selon l’expression de Jean-Claude Hureau. Cette initiative qui constituait une première en France fit des émules tant dans l’Hexagone qu’à l’étranger. “Notre manifestation prenait de plus en plus d’ampleur. Nous eûmes alors quelques soirées fastueuses telles que le Bal des petits lits blancs et surtout une mémorable conférence donnée par Salvador Dali. Il avait fait venir du zoo un rhinocéros, lequel, soutenu par une énorme grue était descendu écraser un buste de Voltaire empli de lait, éclaboussant les spectateurs du premier rang”, poursuit Édouard Bresset. Le rêve nourri par les organisateurs d’occuper un lieu plus prestigieux prit forme grâce à André Malraux qui permit aux antiquaires de s’installer au Grand Palais, en plein centre de Paris. C’est là, en 1962, que fut inaugurée la première Biennale internationale des Antiquaires. La société des décorateurs vint porter main forte au Syndicat national des antiquaires pour concevoir une manifestation que tous voulaient grandiose. Le décorateur André Crivelli installa sous la verrière du Grand Palais des pavillons disséminés au milieu des jardins et des fontaines où prirent place plus de 75 antiquaires. Madeleine Castaing imagina un pavillon inspiré d’une gloriette, Hagnauer un espace calqué sur le pavillon de musique du Trianon. “C’était une Biennale fastueuse, remarque Jean-Claude Hureau. Le Bal des débutantes se déroulait au même moment animé par Jacques Chazot qui invitait des vedettes comme Arletty ou Elvire Popesco.”
Problèmes pratiques
Les antiquaires qui n’étaient alors que des amateurs dans le domaine de l’organisation de manifestations essuyaient les plâtres, découvrant au fur et à mesure les problèmes pratiques liés à l’aménagement des stands, à la création d’une billetterie, aux services de gardiennage, de promotion et de communication. Pour donner aux acheteurs une garantie et éliminer les objets douteux, ils créèrent aussi une commission d’examen des pièces, composée d’une soixantaine d’experts incontestés dans leur spécialité.
La mise en scène et la décoration du salon constitua toujours une des priorités des organisateurs et “la marque de fabrique” du salon. Au décorateur André Crivelli succéda Jean-Raphaël Millies-Lacroix assisté de Patrick Jaouannet, nommé depuis une dizaine d’années architecte des Biennales. En 1992, pour la dernière Biennale se déroulant au Grand Palais, Pier-Luigi Pizzi conçut une architecture à la Palladio. Jean-Michel Wilmotte prit le relais en 1994 pour le premier salon organisé au Carrousel du Louvre. “Le Tout-Paris des collectionneurs et l’élite du monde entier se pressa aux inaugurations, le succès fut foudroyant, s’enthousiasme Édouard Bresset. Des soirées prestigieuses organisées par Georges Cravenne attiraient de plus en plus de monde : le Bal des débutantes, le Bal des ambassadeurs. La manifestation était lancée et nous ne pouvions plus faire face aux demandes de stands que les plus grands spécialistes du monde entier nous réclamaient.”
Les évolutions de la Biennale vues par son président, Claude Blaizot « Si l’on s’amuse à comparer la liste des participants aux Biennales tous les dix ans depuis 1956, on remarque que l’on assiste à une rotation de près de 50 % des antiquaires. Certains sont partis puis sont revenus et de nouveaux apparaissent tous les deux ans. La Biennale a souvent joué pour eux un rôle fantastique de tremplin. Ils y ont acquis une clientèle internationale, y ont rencontré et converti de nouveaux collectionneurs.»
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
1956-2000, un salon parisien devient un événement international (part I)
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €La belle rentrée des antiquaires
1956-2000, un salon parisien devient un événement international (part II)
De Lucas Cranach à Vlaminck
Dessins en hausse
Livres : Paris veut garder son rang
Mobilier et objets d’art
Arts premiers
Arts d’Extrême-Orient
Les antiquités d’aujourd’hui
Impressionnistes et modernes
Marchands et conservateurs de musées : une complicité encadrée
Bijoux, mobilier, tableaux
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°110 du 8 septembre 2000, avec le titre suivant : 1956-2000, un salon parisien devient un événement international (part I)