La prodigalité d’un mystérieux donateur a permis de constituer la collection du Musée Thomas Henry de Cherbourg faisant écho à la donation récente d’un anonyme au Musée de Laval.
Cherbourg. L’été dernier, l’événement a défrayé la chronique ; le modeste Musée d’art naïf et d’arts singuliers de Laval a reçu à sa grande surprise un tableau présumé du Douanier Rousseau. Une donation fort peu conventionnelle, puisque la directrice de l’établissement a découvert l’œuvre, à son retour de vacances, posée le plus naturellement du monde sur son bureau. La toile, Paysage avec pêcheur, était uniquement accompagnée d’un certificat d’authenticité établi en 1995 par la critique d’art Dora Vallier, ainsi que d’une lettre expliquant le geste du donateur, qui a conservé l’anonymat. Le généreux mécène y révèle avoir été déçu lors de sa venue au musée de n’avoir pu admirer qu’un nombre restreint d’œuvres du Douanier, alors même que Rousseau est originaire de Laval. Après sa visite, il est donc revenu en catimini déposer un mystérieux paquet à l’accueil du musée. À une époque où la majorité des bienfaiteurs de la sphère culturelle mettent un point d’honneur à faire connaître leur générosité et font même souvent de leur philanthropie une stratégie de communication ; le caractère totalement gratuit de cette démarche ne peut évidemment qu’étonner.
Mais ce qui frappa évidemment le plus les esprits à l’époque, comme aujourd’hui, c’est l’extraordinaire concentration de prestigieuses signatures : Fra Angelico, Lippi, Ghirlandaio, Guerchin, Murillo, Ribera, Clouet, Champaigne, Van Dick, Jordaens, Van Loo, Metsys, Pourbus, Le Brun, Le Sueur, David, Chardin ou encore Cranach. De quoi faire pâlir d’envie bien des villes nettement plus grandes que Cherbourg. Rapidement perçu comme un « petit Louvre », le musée attirera d’ailleurs de nombreux artistes dont un jeune Normand plein d’avenir : Jean-François Millet qui se formera en copiant ces chefs-d’œuvre. En souvenir de cet apprentissage, et en hommage au geste du fondateur des lieux, un des descendants de Millet offrira à son tour un important fonds d’œuvres de jeunesse du peintre au musée.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
1831, Cherbourg reçoit des caisses de chefs-d’œuvre donnés par un anonyme
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°486 du 6 octobre 2017, avec le titre suivant : 1831, Cherbourg reçoit des caisses de chefs-d’œuvre donnés par un anonyme