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La foire Cosmoscow parie sur un rebond du marché russe

Par Emmanuel Grynszpan, correspondant à Moscou · lejournaldesarts.fr

Le 11 septembre 2017 - 631 mots

MOSCOU / RUSSE

MOSCOU (RUSSIE) [11.09.17] - La foire annuelle d’art contemporain Cosmoscow a ouvert vendredi dernier. La 5e édition affiche une dynamique positive : davantage de galeries étrangères et des ambitions débordant du cadre commercial.

Pour son édition 2017, Cosmoscow s’efforce de populariser l’art contemporain en diversifiant les événements. Performances, expositions parallèles, ventes aux enchères, remise de prix et de bourses à de jeunes artistes parrainés par des sponsors comme Crédit Suisse et Ruinart. La foire présente même une petite exposition intitulée Où est passée la révolution inspirée du centenaire de 1917.

Rien de révolutionnaire ni de provocant toutefois. En somme, Cosmoscow prépare du mieux qu’elle peut le public moscovite avant l’ouverture de la 7e biennale le 14 septembre prochain. Mais sans grain de sel ni de polémique capable de propulser l’événement hors des pages culture de la presse moscovite.

La règle imposée par les organisateurs limite à deux le nombre d’artistes par galerie, mais le nombre total d’artistes (174) pour 54 galeries indique que cette règle est largement facultative. Le principal exploit de Cosmoscow cette année est d’être parvenu à attirer 20 galeries étrangères. C’est quinze de plus que l’année dernière, ce qui montre que le marché russe relève la tête après trois années de relatif repli dû aux conditions politiques et économiques. Le rouble s’est stabilisé, les frontières restent ouvertes, tout le monde a pris ses marques.

Cosmoscow a eu la bonne idée d’inciter des galeries russes à s’associer avec des galeries étrangères dans la section “collaboration”. « Mon ami Alexandre [Charov, propriétaire de la galerie 11.12], que je croise régulièrement dans les foires, m’a conseillé de venir à Moscou », raconte Rufus Knight-Webb, de la galerie londonienne portant son nom. « C’est la première fois que je viens en Russie et Alexandre m’a conseillé pour le choix des œuvres », confie Knight-Webb.

Les peintures torturées de la berlinoise Juliane Hundertmark (autour de 15 000 euros) forment un tandem curieux avec les “poteries scientifiques” de l’israélien Nadav Drukker (autour de 3 000 euros). Les galeries Knight-Webb et 11.12 se font face dans un vaste box et le Londonien espère bien que le bagout de son camarade russe rabattra des clients de son côté. Knight-Webb a un peu triché en rajoutant un troisième artiste, la photographe Alison Jackson, connue pour ses clichés provocants de faux paparazzo sur des fausses célébrités. « Les Russes la connaissent bien », affirme Knight-Webb. « Elle a travaillé sur Poutine, mais je n’ai pas osé amener ces clichés. Je ne veux pas faire de vagues dès mon premier passage » avoue-t-il.

Le Français Bertrand Scholler (galerie 55Bellechasse) a été convaincu par son confrère Erti (Tbilissi) pour ce premier test à Moscou. Il a lui-même choisi ses artistes, dont le Russe Vladimir Sulyagin (82 ans), étoile de la peinture non-officielle et seul représentant de cette génération à Cosmoscow. 55Bellechasse a également amené de Paris deux de ses artistes phares, le jeune peintre Français Pascal Vochelet et l’iranienne Niloufar Banisadr. D’une manière générale, la présence française se renforce, avec une autre galerie parisienne (Odile Ouizeman, également à Cosmoscow pour la 1ère fois) et les deux sponsors principaux, le joailler Messika et la maison de Champagne Ruinart.

La plupart des grandes galeries moscovites sont revenues cette année (à l’exception de Triumph et de Tatintsian), même si les affaires n’ont pas été florissantes l’année dernière. « Nous cherchons encore le bon spectre de prix », confie-t-on chez Art4, la “galerie-musée” du collectionneur et millionnaire Igor Markin. « Même si nous ne rentrons pas dans nos frais, Cosmoscow reste une vitrine utile pour rencontrer de nouveaux clients ». Chez Art4, l’offre est particulièrement large cette année, entre les peintures métaphysiques d’Oleg Vasiliev (décédé l’année dernière) dépassant les 100 000 euros, et les toiles conceptuelles d’Anya Zholud (34 ans) démarrant à 700 euros.

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Vue de la foire Cosmoscow - Photo courtesy Cosmoscow

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