BRASILIA (BRESIL) [20.05.16] - À l’image d’une société brésilienne en pleine crise économique et politique, le secteur culturel vit des heures difficiles. Entre suppression du ministère, occupation des bâtiments et annonces budgétaires contradictoires, retour sur une semaine rocambolesque.
Comme les autres ministres de Dilma Roussef, João Luis Silva dit « Juca » Ferreira a quitté son poste à la suite de la destitution de la présidente, jeudi 12 mai. Michel Temer, le nouveau président par intérim, annonçait le même jour la fusion du ministère de la culture et de celui de l’éducation, sous la direction de Mendonça Filho, ancien préfet d’un état du nord-est du pays, sans aucune expérience dans l’éducation ni le secteur culturel. Cette fusion n’est que la reprise d’un projet envisagé puis abandonné par Dilma Roussef à l’automne dernier.
Immédiatement, les milieux culturels se sont indignés de la disparition de leur ministère et du profil inadapté du nouveau titulaire. La pétition pour le maintien d’un ministère indépendant, réactivée sur le site internet change.org (*), a réuni plus de 50 000 votes en six jours. A Rio de Janeiro, São Paulo et Belo Horizonte, les antennes de la Funarte (équivalent des DRAC pour le champ de la création) sont occupées. A Curitiba et Fortaleza, c’est l’Iphan (équivalent des DRAC pour le patrimoine) qui accueille des manifestations quotidiennes.
Le choix politique du nouveau ministre (qui a été l’un des acteurs du processus de destitution de Dilma Roussef) détone avec la volonté d’expertise affichée par le président, qui a chargé Mendonça Filho de désigner rapidement une secrétaire d’état à la culture. Depuis une semaine, le nouveau gouvernement essuie en effet des critiques à propos de l’absence de femmes parmi les 22 ministres nommés (une première depuis 1974 !). Résultat, selon le journal A Folha de São Paulo, le poste à pourvoir a enregistré cinq « non » en deux jours, que les sondées (journalistes, actrices et administratrices du secteur) se sont empêchées de rendre publics : au refus d’être l’alibi féminin d’un gouvernement perçu comme rétrograde, elles ont ajouté ne pas vouloir être « le fossoyeur du ministère de la culture » ou « le pion d’un gouvernement responsable d’un coup d’état ».
C’est donc par défaut que Marcelo Calero, ancien adjoint culturel à la mairie de Rio, a hérité du portefeuille dans un climat hostile. Ce diplomate de 33 ans seulement a pris ses fonctions mercredi 18 mai avec la promesse soudaine… d’un budget en hausse ! En effet, alors même que le ministère devient secrétariat d’état pour des raisons budgétaires, le président en personne est venu calmer le jeu en promettant des crédits supplémentaires, pour un secteur largement victime des économies draconiennes entreprises par Dilma Roussef depuis deux ans.
Entre annonces contradictoires, nominations discutées et défiance générale des acteurs, le secteur culturel brésilien est en pleine tourmente.
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Au Brésil, le monde culturel entre en turbulence
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Légende Photo :
Michel Temer, le nouveau président brésilien par interim © Photo auteur - 2011 - Licence CC BY-SA 4.0