BRÉSIL
Henrique Pires est en désaccord avec une décision de censure du gouvernement brésilien à l’égard de la communauté LGBT.
« Pour lutter contre la censure, je préfère me retirer », a déclaré le brésilien Henrique Pires après avoir officiellement démissionné du poste de secrétaire de la Culture le 22 août dernier. Sa décision fait suite à la suspension, par le gouvernement, d’un concours audiovisuel fédéral qui aurait pu subventionner des émissions sur la sexualité et le genre. Selon Henrique Pires, il s’agirait d’un énième « filtrage culturel » politique. De son côté, le gouvernement nie toute forme de censure.
Le concours organisé par le Fonds du secteur audiovisuel (FSA), un organe fédéral d’aide à l’industrie audiovisuelle au Brésil, avait été lancé le 13 mars 2018. Il devait permettre de financer 5 émissions diffusées sur des chaînes publiques avec des dotations allant de 400 000 à 800 000 réaux (respectivement 87 000 et 175 000 euros).
Le 15 août, le président brésilien Jair Bolsonaro avait publiquement demandé l’annulation du concours et critiqué 4 projets finalistes : Afronte, Religare Queer, Sexo Reverso et Transversais. Cette dernière émission projette de suivre le quotidien de cinq personnes transgenres vivants au Ceara, dans le nord-est du Brésil. Toutes abordent des thématiques de genre – un domaine pour lequel, selon le chef d’Etat, la FSA n’a pas à apporter d’argent.
Une semaine après les déclarations de Jair Bolsonaro, le gouvernement a suspendu la compétition du FSA durant 6 mois. Pour justifier cette décision, Osmar Terra, le ministre de la Citoyenneté supervisant notamment le secrétariat de la Culture, a invoqué la nécessité de réviser le comité de surveillance du concours.
Une explication à laquelle Henrique Pires n’a pas adhéré. L’ancien journaliste, qui était devenu en 2016 le chef de cabinet d’Osmar Terra -à l’époque ministre des affaires sociales-, considère qu’il s’agit d’une censure.
« Il est évident que je suis en désaccord avec Osmar Terra et le président concernant la liberté d’expression », a déclaré l’ex-secrétaire avant d’ajouter : « Je n’admets pas que la culture soit filtrée, soit je reste et me rend complice, soit je m’en vais. J’ai donc décidé de partir ».
Henrique Pires, remplacé depuis son départ par son ancien vice-secrétaire José Paulo Soares Martins, a souligné qu’il était plus important de « donner du travail aux 13 millions de chômeurs brésiliens plutôt que d’observer à la loupe si un homme nu en embrassait un autre ». Il a également rappelé que l’homophobie était un crime au Brésil depuis le 14 juin dernier.
Cette réforme a constitué une avancée juridique majeure dans un des pays au plus fort taux d’assassinats de personnes LGBT. Selon l’ONG brésilienne Grupo Gay da Bahia (GGB), 387 meurtres « LGBTphobes » avaient été commis en 2017, soit plus d’un mort par jour.
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Démission surprise du secrétaire de la Culture brésilien
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