LA HAVANE (CUBA) [31.12.14] – Privés de tout commerce depuis les restrictions économiques imposées par les Etats-Unis à Cuba en 1962, les artistes cubains et les collectionneurs américains entendent bien profiter de l’apaisement des relations diplomatiques entre les deux pays, analyse le New York Times.
Alors que Raul Castro et Barack Obama ont signé un accord historique mercredi 17 décembre, les pronostiques sur le marché de l’art cubain vont bon train. La levée de l’embargo annoncée par Washington aiguise les appétits pour l’art cubain. Tout comme les collectionneurs, des amateurs d’art et des institutions culturelles américaines se sont précipités à La Havane et se ruent sur les œuvres d’art rapporte le New York Times. Des artistes cubains les plus notoires aux étudiants des beaux-arts, tous sont sollicités par des amateurs et institutionnels, parmi lesquels le Bronx Museum of the Arts ou le Museum of Modern Art.
Alberto Magnan, propriétaire de la galerie Magnan Metz spécialisée dans l’art cubain établie dans le quartier de Chelsea à New York, explique au quotidien new-yorkais avoir reçu 25 appels de collectionneurs après que le président des Etats-Unis a annoncé la levée de l’embargo. Selon lui, ce phénomène ne fera que croître. Même si les Américains sont autorisés à se rendre à Cuba depuis plusieurs années sous certaines conditions, les échanges entre les deux pays sont confrontés à de nombreux obstacles. Encore actuellement, toute expédition pour les Etats-Unis doit passer par un pays tiers comme le Panama ou le Mexique et les frais de port sont exorbitants. Idem pour les transactions financières.
La scène artistique cubaine, jusque-là coupée du monde, se réjouit naturellement de cet engouement. En février 2014, la Fabrica de Arte Cubana (FAC), un centre culturel alternatif, a vu le jour dans une ancienne huilerie dans le quartier du Vedado. Le lieu permet notamment aux artistes contemporains cubains de vendre leurs œuvres dans un autre cadre que les marchés artisanaux, dont les étals regorgent de toiles colorées représentant de vieilles voitures américaines, des maisons coloniales, des musiciens, et le Che, dans le seul but de satisfaire les touristes. Mais les artistes cubains manquent encore de visibilité et de reconnaissance au niveau international. A l’image des joueurs des équipes cubaines de football et de baseball, qui pourront désormais faire l’objet de transfert dans des clubs internationaux, ils rêvent de mobilité et de représentation internationale dans des galeries privées.
La communauté artistique cubaine entend bien suivre la dynamique impulsée et continuer à faire valoir ses droits. La plasticienne cubaine Tania Bruguera a organisé mardi 30 décembre une tribune publique sur la place de la Révolution de La Havane, haut lieu de la vie politique. L’évènement, diffusé sur les réseaux sociaux et signé par le collectif Yo también exijo (Moi aussi je demande), permet aux Cubains d’exprimer - au micro installé sur la place - « pacifiquement leur opinion sur la nation et son avenir ».
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Cuba, nouvel eldorado pour les collectionneurs américains
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