WASHINGTON (ETATS-UNIS) [09.01.15] – Outre le bouleversement économique induit par l’accord historique signé entre La Havane et Washington le 17 décembre dernier, le voile se lève sur un aspect historique sombre de la Révolution cubaine : les spoliations des Cubains fuyant le régime au début des années 1960. De plus en plus de familles cherchent à retrouver leur patrimoine confisqué.
L’histoire de Gil Marmol racontée par l’agence Reuters n’est qu’un exemple parmi d’autres : alors que lui et sa famille fuyaient Cuba en 1961, le gouvernement révolutionnaire saisissait 17 toiles laissées derrière eux, dont deux aquarelles de Diego Rivera. En 1995, ce Cubain naturalisé Américain retrouvait l’une des œuvres de sa famille sur le marché des enchères new-yorkais.
Au début des années 60, des équipes spécialisées du gouvernement cubain passaient au peigne fin les demeures de riches exilés et saisissaient tout ce qu’ils trouvaient : peintures, antiquités et bijoux. Certains biens confisqués sont entrés dans des musées cubains – c’est le cas de la collection du baron Julio Lobo – tandis que d’autres ont été vendus aux enchères ou expédiés à l’étranger (principalement en Europe), soit par des fonctionnaires cubains corrompus, soit par le gouvernement lui-même lorsqu’il avait besoin de ressources en devises étrangères.
A ce jour, personne n’est en mesure de définir le nombre d’œuvres et de familles concernées par ces spoliations. A l’heure où la levée des sanctions économiques contre Cuba est envisagée par Barack Obama et les relations diplomatiques entre les deux pays apaisées, Mari-Claudia Jimenez, avocate spécialisée à New York, observe une augmentation des demandes de restitutions.
Mais légalement, la marge d’action du gouvernement et des tribunaux américains est limitée étant donné que la plupart des exilés n’avaient pas la nationalité américaine lorsqu’ils ont immigré aux Etats-Unis. Les exilés devront ester en justice devant les tribunaux cubains. Or le pays ne s’est pas encore largement ouvert et, parmi les exilés, beaucoup sont sceptiques quant à un éventuel retour sur l’île.
Il est encore trop tôt pour savoir comment Cuba réagira à ces demandes. Au-delà des politiques, les acteurs du marché de l’art semblent déjà coopérer : des maisons de ventes aux enchères parviennent à conclure des accords amiables entre les propriétaires d’origine des biens saisis et les possesseurs actuels.
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La recherche des biens spoliés sous la Révolution cubaine commence à s’organiser
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Abonnez-vous dès 1 €Diego Rivera, Célébration de la culture totonaque, fresque du Palais national à Mexico, 1950 - © Photo Wikimedia Commons