PARIS [27.03.14] – Affaibli depuis 2009, Chu Teh-Chun, poète de l’abstraction picturale ayant marié tradition asiatique et culture occidentale, est décédé à l’âge de 93 ans.
Peu de temps après Zao Wou-Ki, son compatriote décédé en 2013, Chu Teh-Chun a disparu mardi 24 mars 2014 à Paris. L’artiste, qui avait 93 ans était diminué depuis 2009, à la suite d’un accident vasculaire cérébral qui l’avait mis dans l’incapacité de peindre et lui avait enlevé l’usage de la parole.
Installé en France depuis 1955, Chu Teh-Chun, paysagiste s’inscrivant dans la lignée des peintres chinois pour certains, membre de l’abstraction lyrique française pour d’autres, se définissait, lui, comme « un peintre de la dynastie Song au XXe siècle ».
Chu Teh-Chun est né en Chine en 1920, comme Zao Wou-Ki. Et comme Zao Wou-Ki, il émigra en France après la Seconde Guerre mondiale. Issu d’une famille de lettrés, de la province du Jiansu, son père, médecin, collectionne des peintures et calligraphies chinoises. Chu Teh-Chun étudie à l’Ecole des beaux-arts de HangZhou à partir de 1935, il en sort diplômé en 1941 et enseigne dès 1942 à l’université de Nanki, déplacée à Chongqing en raison de la guerre sino-japonnaise qui éclate en 1937. Après un passage par Taipei, à partir de 1949, il quitte la Chine pour l’Europe le 29 mars 1955. Au terme de son voyage, Chu Teh-Chun s’installe à Paris, sept ans après Zao Wou-Ki, auquel on l’associait souvent.
En 1956, un an après son arrivée dans la capitale française, Chu Teh-Chun est profondément marqué par la grande rétrospective Nicolas de Staël au Musée national d’art moderne, Palais de Tokyo. Confronté à cette « révélation » artistique, mais gardant les paysages de son pays d’origine à l’esprit, il s’initie à l’abstraction. Sa peinture, inspirée par la nature et la poésie qu’elle lui évoque, retranscrit une perception du réel, un ressenti. « Poésie et peinture, c’est la même chose », disait-il, lui qui avait choisi d’en exprimer l’essence sur une toile, en y introduisant, parfois, des éléments calligraphiques, qui s’intègrent dans ses compositions souvent guidées par l’improvisation.
Exposé à la fin des années 1950 à Paris, puis au cours des années 1960 à l’étranger, Chu Teh-Chun participe à la Biennale de Sao Paulo de 1969. Sa première rétrospective française est organisée au Musée des beaux-arts du Havre André Malraux en 1982. En 1987 le Musée national d’Histoire de Taipei présente à son tour son œuvre, lui permettant ainsi de diffuser davantage son art dans son pays de naissance, un an après une première exposition à Hong Kong. Plus tard, au début des années 2000, l’Opéra de Shanghai lui commande un tableau monumental, d’environ 4 mètres sur 7, intitulé La Symphonie festive.
En 2009, il collabore avec la Manufacture de Sèvres pour une exposition au Musée Guimet intitulée « De neige, d’or et d’azur ». Il peint alors 56 vases, utilisant le blanc, l’or et le bleu. Véritable hommage à la Chine, il unit l’Occident et l’Extrême-Orient, deux univers qui occupent et habitent son art. Dans cette série, les paysages se déploient sur les surfaces courbes des vases, l’artiste proposant ainsi de nouvelles compositions, sans commencement, ni fin, autour desquelles le visiteur peut se « promener » et découvrir un nouveau sens de lecture. Lesdits vases de porcelaine ont par ailleurs été à l’origine d’un long conflit judiciaire entre le galeriste Enrico Navarra et l’artiste, à la cote sans cesse ascendante depuis le début du XXIe siècle.
En 2012, Christie’s Hong Kong adjugeait 7,7 millions de dollars La foret blanche II (1987). Cette toile de grand format, 1,3 mètre sur 3,9 mètres, détrônait ainsi le précédent record obtenu par une autre peinture vendue 5,9 millions de dollars par Sotheby’s Hong Kong en 2009.
Premier artiste français d’origine chinoise élu à l’Académie des beaux-arts en France en 1997 (avant Zao Wou-Ki en 2002), ses œuvres font partie de collections telles que le Taipei Fine Art Museum, le Guangdong Museum of Art de Canton en Chine, le Musée des beaux-arts André Malraux du Havre, le Musée d’art moderne de la Ville de Paris, ou encore, le Musée Cernuschi, îlot asiatique au cœur de Paris.
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Le peintre Chu Teh-Chun est décédé
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