Algérie - Architecture - Restauration

La Casbah d’Alger va enfin être restaurée

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 16 octobre 2012 - 535 mots

ALGER (ALGÉRIE) [16.10.12] – La création d’une société Algéro-catalane de restauration du patrimoine culturel a été officialisée samedi 13 octobre à Alger, en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Elle aura pour but de mettre en œuvre le plan de sauvegarde de la Casbah d’Alger, adopté par le gouvernement en mai 2012.

Depuis de nombreuses années la mise en place d’un plan de restauration du centre historique d’Alger se fait attendre. En 1991, la Casbah est classée site historique national et patrimoine mondial de l’UNESCO en 1992. Un décret visant la mise en place d’un plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur des secteurs sauvegardés (PSMVSS) donnant une ligne de conduite à suivre pour les secteurs en questions est voté en 2003. C’est en 2005 que la Casbah est classé secteur sauvegardé et délimitée selon les remparts ottoman, c’est-à-dire de la citadelle en hauteur jusqu’à la mer. Depuis, de nombreuses équipes d’archéologues et de chercheurs mènent des études approfondies sur l’architecture de la médina et classent les bâtiments par ordre de priorité de restauration.

Mais le PSMVSS se fait attendre. Les financements du gouvernement tardent à venir. Finalement, sept ans plus tard, en février 2012, le PSMVSS de la Casbah est adopté.

Certains commencent cependant à désespérer de voir un jour la vieille ville renaître. En juillet, l’historien Abderrahmane Khelifa sonne l’alarme. L’état de la Casbah empire. Il rappelle que le site, considéré comme « un lieu à haut risque d’effondrement », abrite encore 600 maisons, et plus de 50 000 habitants.

Finalement, le ministère de la Culture opte pour un partenariat économique avec la Catalogne. La création d’une nouvelle société algéro-catalane de restauration du patrimoine culturel est signée entre un consortium d’entreprises catalanes spécialisées dans la restauration, "Gerca", et l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC) présidé par l’architecte restaurateur Abdelwahab Zekkar. La tâche première de la société va être la mise en œuvre du PSMVSS de la Casbah, et sera poursuivie de la restauration d’une dizaine d’autres sites historiques du pays. Un tel partenariat économique est une première en Algérie, et va permettre, dans le cadre de la mise en place du PSMVSS, la formation aux métiers de la restauration de nombreux algériens. La "Gerca" regroupe en effet « des entreprises ayant réalisé des travaux de restauration sur des monuments historiques à l’exemple de la Sagrada Familia de Barcelone ».

Un savoir faire utile vu l’état actuel de la Casbah, ravagée par les bombardements de la guerre d’Algérie. Dès l’Indépendance, les maisons traditionnelles algéroises sont délaissées par leurs propriétaires et exposées aux arrivées massives de populations dans la capitale. Le clientélisme prévaut alors dans les attributions des maisons, et la démographie explose. Certains, mécontents d’habiter ces vieilles bâtisses, détruisent parfois volontairement leur demeure pour être relogés dans la ville française. Petit à petit, la détérioration du site s’aggrave. Les larges terrasses surplombant l’ensemble de la Casbah se transforment en terrain de foot et des dizaines de poutres sont placées entre les ruelles pour freiner l’effondrement des murs, des étages supplémentaires sont construits à la « va-vite » pour abriter les nouveaux arrivants, mettant à mal tous les systèmes de voies d’eau, de gaz et d’électricité.

Légende photo

Casbah d'Alger: Ruines de la cache d'Ali la Pointe, Algérie - © Photo Saber68 - 2011 - Licence CC BY-SA 3.0

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