Le programme de réhabilitation de la médina de Fès n’est toujours pas lancé par manque de financements

Après l’énième effondrement d’un bâtiment vétuste le 28 octobre 2013, qui a causé la mort d’un artisan et qui a blessé cinq autres personnes, les projecteurs se tournent à nouveau vers la médina de Fès et éclairent la mollesse de l’attention des pouvoirs publics, qui a pourtant mis en place un programme de réhabilitation « d’urgence », toujours attendu par la population locale. La médina, datée du XIIème siècle, est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1981.

Dans le cadre de ce programme quinquennal (2013-2017) pour la réhabilitation de la médina de Fès, dont la vétusté serait alarmante, le gouvernement marocain avait promis des financements pour les travaux à hauteur de 55 millions d’euros. Le roi Mohammed VI s’était d’ailleurs rendu sur place pour présider la signature au mois de mai 2013 de diverses conventions relatives à la restauration des monuments historiques et au traitement du bâti menaçant ruine dans l’enceinte de la médina historique. Ces conventions avaient accordé un budget d’environ 25 millions d’euros pour les monuments historiques, ainsi qu’un budget distinct d’environ 30 millions d’euros pour le bâti en ruine.

Or selon l’Economiste marocain, huit mois plus tard, le gouvernement n’aurait débloqué que 1,5 million d’euros, dont 0,9 pour le bâti en ruine, et 0,6 pour les monuments historiques, sommes jugées largement insuffisantes au regard de l’urgence et de l’ampleur des travaux à mener. De plus, « cette enveloppe servirait au lancement des premiers appels d’offres » a déclaré le responsable de l’Agence de dédensification et de réhabilitation de la médina. L’adjoint au maire appelle « le gouvernement à débloquer les fonds prévus dans les plus brefs délais », tandis que les autres élus « incitent le gouvernement à prendre toutes ses responsabilités dans ce dossier qui a trop duré ».

La sonnette d’alarme a été tirée il y a déjà bien longtemps, en 1990, et le gouvernement avait reçu le soutien de la Banque Mondiale pour son entreprise de réhabilitation. La lenteur des actions plonge d’autant plus la population dans l’incompréhension.

Dans l’enceinte de la Médina, 3000 logements menaceraient ruine, et parmi eux, 1720 seraient dans un état de dégradation très avancé et proche de l’effondrement. Sur les 25 dernières années, les accidents liés à l’insalubrité et à la dégradation des logements auraient causé la mort de plus de 200 personnes d’après l’Economiste.