Une vague de soutien sans précédent

Paris. Dès la diffusion des premières images de la charpente en feu, les déclarations de soutien ont afflué de toute la France et de l’étranger, dans un esprit de concorde inédit par son intensité. En direct sur les chaînes d’information télévisées, à la une de la presse papier, les messages de dirigeants politiques et culturels ou d’anonymes ont été innombrables, du président américain Donald Trump à la directrice de l’Unesco Audrey Azoulay, en passant par la chancelière allemande Angela Merkel ou même le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini.

Cette émotion s’est traduite, dans les heures et les jours qui ont suivi, par un vaste élan d’hommages et d’actes de soutien. Dès le lendemain, la Fenice, le célèbre théâtre vénitien incendié deux fois dans son histoire, s’est parée des couleurs du drapeau français. Les marins du porte-avions Charles-de-Gaulle ont dessiné la cathédrale sur leur ponton, France Télévisions a organisé un grand concert hommage, TF1 un Qui veut gagner des millions spécial et le Paris Saint-Germain Football Club a mis sur le marché 2 000 maillots « Notre-Dame », vendus en seulement quelques heures. Autant d’exemples qui témoignent de la vague immense et plurielle de gestes de soutien qui a suivi l’incendie.

Les promesses de dons ont afflué par milliers dès les premières heures de la soirée du 15 avril. Des cagnottes en ligne, parfois frauduleuses, se sont multipliées, diffusées à toute vitesse sur les réseaux sociaux. La Fondation du patrimoine, première à réagir sur les plateaux de télévision, a organisé un premier site pour canaliser les dons des internautes. Le lendemain, le Gouvernement a mis en place une plate-forme pour guider les potentiels donateurs vers les quatre organismes « officiels » : le Centre des monuments nationaux, la Fondation Notre-Dame, la Fondation du patrimoine et la Fondation de France. Ainsi, le 19 avril, la Fondation du patrimoine avait collecté 19 millions d’euros auprès des particuliers.

Surtout, la collecte de dons a été marquée par la contribution des grandes fortunes et des grandes entreprises françaises. Dans la soirée de l’incendie, la famille Pinault a annoncé un don de 100 millions d’euros, suivi le lendemain matin par un don de 200 millions de la famille Arnault et du groupe LVMH. La famille Bettencourt-Meyers et l’Oréal, déjà mécènes historiques de la cathédrale, apportent eux aussi 200 millions d’euros. Les familles Bouygues et Decaux ne sont pas en reste, non plus que le groupe Total (100 millions), la Société générale, BNP Real Estate, Primagaz… Au total, près de 850 millions d’euros rassemblés en un peu moins de cinq jours.

La polémique enfle alors autour de la loi Aillagon sur le mécénat, qui permet aux entreprises de défiscaliser 60 % des dons, dans la limite de 0,5 % du chiffre d’affaires. Pour couper court, la famille Pinault annonce le 17 avril qu’elle n’utilisera pas le dispositif fiscal, les familles Decaux et Bernard Arnault lui emboîtant le pas.

La collecte de dons devrait in fine avoisiner le milliard d’euros : certains se posent d’ores et déjà la question du devenir de l’excédent d’argent après le chantier de restauration de la cathédrale. Le projet de loi pour la reconstruction, préparé par le Gouvernement, devra y répondre.