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Une antenne du Guggenheim pour Guernica ?

Les responsables du Guggenheim de Bilbao étudient la possibilité d’ouvrir une antenne sur l’estuaire d’Urdaibai

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 24 novembre 2009 - 814 mots

BILBAO / ESPAGNE

Non contente de posséder l’un des édifices contemporains les plus emblématiques au monde, le nord de l’Espagne pourrait bien doter d’une antenne le musée phare signé Frank Gehry.

Musée Guggenheim de Bilbao © photographe envisionpublicidad  / CC BY 2.0
Musée Guggenheim de Bilbao.
© photographe envisionpublicidad

Le Guggenheim de Bilbao travaille actuellement sur une étude de faisabilité pour un satellite qui serait situé près de la ville historique de Guernica, à une quarantaine de kilomètres à l’est de Bilbao. Les autorités locales et provinciales de la communauté autonome basque espèrent que ce nouveau musée prolongera « l’effet Bilbao » – l’aubaine économique entraînée par l’édifice original de Gehry – au sein d’une région côtière préservée mais sous-développée. Le Conseil provincial de Biscaye a alloué un million d’euros afin de financer les études environnementales et économiques, et s’est engagé à verser 100 millions d’euros pour les travaux, soit la moitié des coûts estimés. Mais le gouvernement de la communauté autonome basque, dont la participation financière est essentielle au projet, refuse pour l’instant de s’engager dans cette expansion compte tenu de la crise économique actuelle.

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Le site proposé, qui s’étend sur une surface de plus de 80 hectares – propriété de la banque espagnole BBK –, est situé sur la rive occidentale de l’estuaire d’Urdaibai, qualifié de « réserve de biosphère » par l’Unesco, non loin de la baie de Biscaye. D’après Juan Ignacio Vidarte, directeur du Guggenheim Bilbao, les restrictions d’exploitation, tout comme les écologistes, en ont freiné le développement. « C’est une zone que je ne taxerais pas de désœuvrée, mais je n’hésiterais pas à dire qu’elle stagne », nous a-t-il confié, ajoutant que le musée envisagé « pourrait marier la culture et la nature d’une manière qui soit compatible avec la préservation de la qualité environnementale de la zone ».
    Le projet consiste à créer un espace de taille modeste destiné à accueillir des expositions temporaires, et à demander aux artistes d’intervenir sur le paysage. D’après les études menées, la construction engendrerait environ 380 millions d’euros de ressources en termes d’activité économique, et l’ouverture annuelle, attirant autour de 150 000 visiteurs, pourrait injecter 85 millions d’euros à l’économie locale. L’impact pourrait être accru si le nouveau musée se positionnait comme pivot d’un itinéraire culturel décliné le long de l’estuaire. On y trouve en effet des peintures rupestres préhistoriques, des vestiges d’époque romaine, des sites archéologiques, des carrières de marbre, des villages de pêcheurs et la commune de Guernica, dont la destruction au cours de la guerre civile espagnole inspira Picasso.

« Période difficile »
Vidarte, qui œuvre également en tant que directeur de la stratégie globale de la Fondation Guggenheim, indique que le projet est de créer, non un nouveau musée Guggenheim indépendant, mais une antenne du musée existant. « Tout sera dirigé et géré par le musée de Bilbao et intégré dans nos opérations », explique-t-il, estimant les surcoûts entre 30 % et 40 % du budget annuel de la maison mère de Bilbao (27 millions d’euros), soit autour de 10 millions d’euros par an. Avant de passer à l’étape suivante – le concours d’architecture –, un accord de financement devra être obtenu et le projet devra être approuvé par les conseils d’administration à la fois de la Fondation Guggenheim à New York et du musée de Bilbao. « Le modèle que nous avons choisi est le même que celui que nous avons suivi à Bilbao : les institutions publiques financeraient la construction et seraient les propriétaires du site », souligne Vidarte. Les 100 millions d’euros qu’a coûté le joyau de Gehry ont été déboursés par les gouvernements fédéraux, provinciaux et municipaux, lesquels sont désormais copropriétaires. « Ce montage devra être accepté à Urdaibai », indique Vidarte. José Luis Bilbao, à la tête de la province de Biscaye et président du comité exécutif du Guggenheim Bilbao, a demandé au socialiste Patxi López, président fraîchement élu de la communauté autonome basque, de partager le financement du nouveau musée. « C’est le moment de faire d’importants investissements », a déclaré Bilbao, précisant que le musée de Gehry avait été construit « pendant une période difficile ».
    Or, dans un entretien radiophonique réalisé en octobre, la ministre basque de la Culture, Blanca Urgell, a déclaré que l’heure n’était pas aux grands investissements en infrastructure, et a exprimé ses doutes au sujet de la viabilité d’un musée situé à 40 kilomètres d’une grande ville. Mais la politique s’en est également mêlée : Blanca Urgell s’est interrogée sur l’impact social du scandale qui avait terni le musée de Bilbao l’an dernier, lorsque le directeur financier avait été renvoyé pour avoir détourné près d’un demi-million d’euros. La ministre a indiqué que le gouvernement de la communauté autonome basque ne prendrait aucune décision officielle avant d’avoir pris connaissance des résultats des études environnementales et culturelles. Selon Vidarte, les rapports seront rendus d’ici à la fin de l’année. Il se dit confiant quant à une ouverture d’un Guggenheim à Urdaibai dès 2013 ou 2014.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°314 du 27 novembre 2009, avec le titre suivant : Une antenne du Guggenheim pour Guernica ?

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