Donation

Un nouvel écrin à Saint-Claude

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 10 novembre 2008 - 719 mots

La capitale du Haut-Jura vient d’inaugurer un nouveau musée qui conjugue vestiges archéologiques et collections privées d’art moderne.

SAINT-CLAUDE - Nichée dans une étroite vallée du Haut-Jura, la ville de Saint-Claude abrite un nouveau joyau architectural pour le moins original. Sis en surplomb d’une rive du Tacon, le Musée de l’abbaye-Donations Guy Bardone-René Genis vient concrétiser un projet qui a germé dans les années 1990. À la suite de la découverte d’une fresque sous les plâtres d’une chapelle de son ancien palais abbatial, la Ville de Saint-Claude a mis à profit la longue campagne de fouilles archéologiques et de réhabilitation du bâtiment pour tirer un trait sur un traumatisme. Dans les années 1960, faute d’endroit adapté, elle n’avait pas su accepter l’importante collection de tableaux du critique George Besson, laquelle est finalement allée au Musée des beaux-arts de Besançon. Natif de Saint-Claude, le peintre Guy Bardone, et son compagnon de route René Genis, projetaient simultanément de faire don des collections qu’ils avaient réunies au fil du temps, ainsi que d’une sélection de leurs œuvres personnelles. La donation fut signée en 2002, et, l’année suivante, Anne Dary, conservatrice en chef des musées du Jura, rédigeait le projet scientifique et culturel du musée.
Sur un plan tant architectural que muséographique, le plus grand défi de ce projet était de donner une cohérence à un lieu structuré autour de trois grands axes divergents : l’archéologie, la collection Bardone-Genis et l’art contemporain. Chargé de la transformation du bâtiment, l’architecte Adelfo Scaranello a conçu côté sud une nouvelle façade en alliage de cuivre et d’aluminium, une touche contemporaine inattendue dont l’aspect doré fait joliment écho au paysage à dominante minérale. L’architecte a habilement converti les anciennes pièces d’habitation en salles d’exposition, gardant les proportions originales mais perçant çà et là des ouvertures afin de profiter du panorama. Les 1 300 mètres carrés de surface ont ainsi été divisés entre les différents domaines d’expertise du musée : vestiges archéologiques au sous-sol, exposition temporaire au rez-de-chaussée et salles permanentes aux étages. Cependant, le musée gagnerait à améliorer la signalétique de ses salles, le sens de la visite étant rendu difficile par un manque de lisibilité, et une indistinction entre espaces d’expositions temporaires et salles permanentes.

Rodin et Richier dans le jardin
L’architecte en chef des Monuments historiques Paul Barnoud s’est vu confier la mise en valeur historique des vestiges archéologiques tandis que le résultat des fouilles menées par l’archéologue Sébastien Bully est présenté par l’intermédiaire de bornes interactives à contenu pédagogique. Aux étages supérieurs sont réparties les collections Bardone et Genis, où dominent des œuvres de l’école de Paris et de la Réalité poétique. Si ce fonds ne réunit pas les trophées tape-à-l’œil d’un riche industriel, il reflète la sensibilité de deux artistes aux moyens visiblement plus modestes. Au rez-de-chaussée, la première des trois expositions temporaires prévues annuellement rend hommage à René Genis. Suivra, en juin 2009, une exposition sur le premier art roman en Franche-Comté, en coproduction avec le Musée des beaux-arts de Lons-le-Saunier (Jura) et en lien direct avec le colloque international sur le sujet qui se tiendra parallèlement à Baumes-les-Messieurs (Jura)  et à Saint-Claude. Puis, en 2010, est déjà prévue une exposition sur la donation George et Adèle Besson, en collaboration avec le Musée des beaux-arts de Besançon. Enfin, la directrice, Valérie Pugin, qui a été directrice adjointe au centre d’art du Parc-Saint-Léger à Pougues-les-Eaux (Nièvre), caresse le projet d’inviter chaque année un artiste qui se livrerait à une réflexion sur le paysage, l’un des points forts de la collection Bardone-Genis.
Labellisé « Musée de France » en 2004, grâce à l’appui de Jean-Michel Nectoux, ancien conservateur au Musée d’Orsay, l’établissement pourra compter, outre son budget d’acquisition, sur la générosité de la Fondation Bardone-Genis, ce à titre exceptionnel. Placés sous l’égide de la Fondation de France, ces fonds ont permis l’acquisition toute récente d’un Homme qui marche sur colonne d’Auguste Rodin et de Le Coureur, grand de Germaine Richier, deux pièces en bronze judicieusement placées dans le jardinet du musée qui offre une vue imprenable sur la vallée

MUSÉE DE L’ABBAYE-DONATIONS GUY BARDONE-RENÉ GENIS

3, place de l’Abbaye, 39200 Saint-Claude, tél. 03 84 41 42 32,
du 1er octobre au 30 avril : tlj sauf lundi et mardi 10h-12h et 14h-18h ; du 1er mai au 30 septembre : tlj sauf mardi 10h-12h et 14h-18h30.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°291 du 14 novembre 2008, avec le titre suivant : Un nouvel écrin à Saint-Claude

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