PARIS
Le bourdon de Notre-Dame de Paris a résonné à 20h pour le premier anniversaire de l'incendie de la cathédrale : un temps de rassemblement pour la nation éprouvée par le coronavirus, alors que le chantier est en sommeil.
Le bourdon de 13 tonnes baptisé "Emmanuel", deuxième cloche la plus lourde de France, offerte jadis à l'Eglise par Louis XIV, s'est ébranlé à l'heure où, depuis plusieurs semaines, les Français applaudissent les personnels soignants, en première ligne face à l'épidémie de coronavirus.
"Nous reconstruirons Notre-Dame en cinq ans, ai-je promis, et nous ferons tout pour tenir ce délai", a assuré mercredi matin Emmanuel Macron dans un message vidéo. Le président a remercié "sauveteurs, donateurs, bâtisseurs", qui ont "pavé le chemin de ces jours meilleurs qui approchent où les Français retrouveront la joie d'être ensemble et où la flèche de Notre-Dame s'élancera de nouveau vers le ciel".
Un an après l'incendie géant qui avait ému la planète, la restauration est loin d'avoir commencé, la cathédrale étant encore en "urgence absolue". Même si, a confié sur RTL le général Jean-Louis Georgelin qui dirige l'établissement public chargé de la restaurer, les capteurs "n'ont rien enregistré de préoccupant", malgré "les chocs thermiques".
Cette sonnerie solennelle en fa dièse a marqué dans le passé de grands évènements, comme les victoires de 1918 et 1945, la chute du Mur de Berlin, la mort des papes, et récemment les obsèques du président Jacques Chirac. Aucune autre manifestation n'a eu lieu mercredi sur le chantier en sommeil.
Les Français avaient pu plonger mardi soir au coeur de ce chantier titanesque avec un remarquable documentaire sur France 2 (quelque 3,3 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie).
"Héroïsme"
Interrogé par l'AFP, le ministre de la Culture Franck Riester a d'ailleurs relié l'"héroïsme" des personnels de santé et des pompiers de la nuit du 15 au 16 avril 2019 : "il est pour nous, dans l'épreuve que nous traversons, un formidable message d'espérance. La promesse d'une reconstruction collective".
Un site internet a été ouvert par le ministère pour documenter les étapes du chantier et les performances de tous les intervenants.
Pour l'animateur et défenseur du patrimoine Stéphane Bern, "on a besoin de sauver Notre-Dame et le patrimoine parce qu'ils vont nous donner de l'espoir pour sauver le pays". Le risque serait que "cet effort collectif, cette aventure humaine pour les chantiers du patrimoine passent au second plan" du fait de la pandémie. Or "ils font vivre des centaines de familles", avertit l'animateur de télévision.
"C'est par nos chantiers que nous contribuerons à la relance économique et au sauvetage de nos PME et de nos artisans", abonde Guillaume Poitrinal, président de la Fondation du patrimoine.
Patience et détermination sont les maîtres-mots de Christophe Rousselot, à la tête de la Fondation Notre-Dame qui a collecté les dons les plus nombreux : "Pour un édifice de huit siècles, ces semaines qui nous semblent si longues paraîtront juste un instant dans l'histoire de la cathédrale à laquelle s'intéresseront nos petits-enfants, si on la leur transmet en bon état".
Pour Mgr Benoist de Sinety, vicaire général de Paris, "que le culte puisse reprendre est le plus important, c'est un lieu vivant, ce n'est pas un musée". "L'architecture doit respecter ce que le bâtiment est. Nous serons vigilants", prévient-il.
Pour Eric Wirth, vice-président de l'ordre des architectes, "Notre-Dame est entre de bonnes mains". "Des hommes se surpassent, en mettant leur engagement, leur ingéniosité et, on peut le dire ici, leur foi, au service d'une cause qui est celle de l'humanité", selon lui.
Interrogé sur les 902 millions d'euros de dons et de promesses de dons, le général Georgelin dit avoir "enregistré de l'ordre de 200 millions d'euros" et n'avoir "aucune inquiétude sur le fait que cet argent arrivera bien".
Beaucoup d'experts assurent que le problème de la pollution au plomb ne se pose plus. Mais l'association Robin des Bois est repartie à la charge, estimant que l'échafaudage "est une source majeure de remobilisation des poussières de plomb".
Avant d'être suspendu en raison de la pandémie, le chantier avait déjà été brièvement arrêté cet été pour améliorer la protection des ouvriers contre cette pollution.
Cet article a été publié par l'AFP le 15 avril 2020.
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Un an après l'incendie, Notre-Dame a résonné dans un pays éprouvé par le virus
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