TUNIS / TUNISIE
Son tort, être contigu au Parlement dont l’activité est suspendue depuis le coup de force du président Kaïs Saïed.
Cela fait maintenant plus d’un an et demi que le Musée national du Bardo à Tunis est fermé, victime collatérale de la suspension de l’Assemblée du pays suite au coup de force institutionnel du président Kaïs Saïed le 25 juillet 2021. Second musée du continent africain - après le musée égyptien du Caire - par la richesse de ses collections, il se situe en effet dans le même ensemble palatial que le parlement tunisien, édifié à partir du XVe siècle et appelé Bardo, un mot dérivé de l’espagnol prado, qui désigne un pré, et par extension, un jardin.
Depuis l’instauration le 25 juillet 2021 d’un état d’exception en Tunisie, suivi par l’adoption d’une nouvelle Constitution et la mise à l’écart des partis, aucune explication du ministère des Affaires culturelles n’a été donnée concernant la fermeture prolongée du musée. Aussi, depuis deux semaines, la société civile et des personnalités de la culture commence à se mobiliser sur les réseaux sociaux pour réclamer la réouverture du Bardo. La situation actuelle est sans précédent, sans comparaison avec les fermetures du musée consécutives à la révolution de 2011 et à l’attaque terroriste perpétrée au musée en 2015.
Cette situation, qui coïncide également avec la fermeture du musée de Carthage pour rénovation, représente une importante perte de ressources pour le patrimoine tunisien. Selon le média francophone Jeune Afrique, le musée « est en passe de devenir un symbole de l’absence de volonté » concernant la politique culturelle du pays, alors que la Tunisie, qui a accueilli plus de 6 millions de visiteurs en 2022, a besoin de consolider son flux touristique, perturbé par le terrorisme puis le Covid.
Dimanche dernier, près de 90 % des électeurs se sont abstenus au second tour des élections législatives, montrant leur rejet du système actuel. L'opposition espère désormais qu’un front uni des politiques et des syndicats puisse provoquer une élection présidentielle anticipée afin de chasser le président du pouvoir.
L’ensemble architectural qui abrite le Bardo a été enrichi par les différentes dynasties régnantes locales, notamment les Husseinites, qui y construisent au XIXe siècle un Grand et un Petit Palais dans lesquels se trouve aujourd’hui le musée, créé en 1888 par les autorités coloniales françaises. Le Musée du Bardo possède une riche collection d’antiquités romaines issue des fouilles sur les différents sites archéologiques du pays, dont le plus connu est Carthage, classé au patrimoine mondial depuis 1979 et mythifié par Flaubert dans Salammbô.
Le musée abrite l’une des plus grandes collections de mosaïques romaines du monde, représentant les jeux du cirque, des scènes de chasse et de banquet, ainsi que des scènes mythologiques, de nombreuses stèles et sarcophages, des bustes d’empereurs - comme ceux d’Auguste, Hadrien, Marc Aurèle ou Caracalla -, de la statuaire en marbre et en bronze, des œuvres de la période chrétienne de la Tunisie, comme des baptistères, et des collections d’art islamique.
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À Tunis, le Musée du Bardo est fermé malgré lui
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