Trois mois après son inauguration à Shanghaï, le Museum of Art Pudong, dessiné par Jean Nouvel, fait le plein de visiteurs.
Shanghaï (Chine). Trois mois après son inauguration au pied de la très psychédélique Oriental Pearl Tower, le flambant neuf Museum of Art Pudong (MAP), long rectangle aux façades hautes de 11 mètres de verre réfléchissant les eaux tourmentées du fleuve Huangpu coupant Shanghaï en deux, fait salles combles. Au pluriel. Car des salles d’expositions, ce massif origami de granit blanc signé Jean Nouvel, déployé sur 40 000 m2, n’en manque pas : 13 au total, courant sur 10 500 mètres carrés de halls aux volumes démesurés, aux géométries anguleuses, sous des hauteurs de plafond dignes d’un théâtre à balcons. Ce sont d’abord les chiffres, à faire rougir d’envie des établissements privés voisins plus classiques, qui traduisent le succès populaire de cette nouvelle institution publique consacrée à Shanghaï à l’art contemporain – une de plus, décidément –, produite par le développeur Shanghai Lujiazui Group avec le soutien de partenaires privés.
Alors qu’officiellement, pour des raisons de capacité et de règles imposées par les restrictions sanitaires anti-Covid – à l’entrée, en plus de sa réservation en ligne, il faut aussi dégainer deux codes verts, version locale du passe sanitaire –, le musée est censé ne pas accueillir plus de 1 600 visiteurs par jour, ce sont plus de 4 000 curieux qui ont couru aux premiers jours du lancement, du matin au soir, un ambitieux triptyque d’expositions ayant ouvert le bal du MAP : une méga rétrospective du plasticien et artificier Cai Guo-Qiang, une exposition d’œuvres phares de la Tate de Londres rassemblées autour du thème de la lumière (de Turner à Anish Kapoor), et un hommage à Joan Miró (en provenance de Barcelone), dont les formes libres et les couleurs chaudes émerveillent depuis l’été les Shanghaïennes – en témoignent leurs émois et échos en ligne qui ont fait boule de neige. Et depuis juillet, l’affluence ne faiblit pas : des journées à 2 000 et 2 500 visiteurs, et selon le site d’informations culturelles en ligne Sina News, « des pics certains jours à 3 500 visiteurs »– une foule fluide et silencieuse continuant de porter, collé au nez, un masque jetable. Des chiffres que le musée n’a pas démentis. Cet enthousiasme autour du Museum of Art Pudong, qui a coûté tout de même 168,2 millions d’euros et ne dispose pas (encore) de collection propre, illustre une autre tendance de fond en Chine : les nouveaux musées d’art contemporain shanghaïens deviennent des terrains de jeux sensoriels. Le MAP abrite un auditorium, des parcours ludiques à suivre à pied qui révèlent d’autres perspectives sur la ville, un restaurant gastronomique posé sur son toit-terrasse, ainsi qu’un café branché (en partenariat avec Seesaw Coffee), couru des étudiants, où l’on personnalise son élixir caféiné ou chocolaté. Quant à l’inévitable boutique d’objets ludiques, mitoyenne, elle lie subtilement les produits dérivés aux expositions du moment.
Enfin, en scellant un « partenariat stratégique » avec la Tate de Londres, le MAP, fort de son soutien hybride public-privé, s’inscrit dans une tendance lourde. Les Chinois férus d’art ne pouvant courir les expositions à l’étranger, celles-ci viennent désormais à eux.
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À Shanghaï, début en fanfare pour le « Museum of Art Pudong »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°575 du 15 octobre 2021, avec le titre suivant : À Shanghaï, début en fanfare pour le « Museum of Art Pudong »