A Rome, l'Extase de sainte Thérèse du Bernin retrouve sa splendeur et son ambiguïté

Dans un décor baroque richement orné de marbres et de dorures, la statue représente la sainte dans une extase mystique, à côté d'un ange s'apprêtant à lui transpercer le coeur avec une lance en or. De part et d'autre de la chapelle, des spectateurs dans des loges de théâtre commentent la scène.

L'oeuvre a été réalisée en 1652 pour le cardinal Federico Cornaro, fils d'une noble famille vénitienne, qui est enterré dessous et dont les proches sont représentés parmi les spectateurs.

Elle est intégrée à l'intérieur de l'église Santa Maria della Vittoria, dans le centre de Rome, achevée une trentaine d'années auparavant et elle-même débordante de marbres, de frises et d'angelots.

L'église étant située à un carrefour perpétuellement encombré de la capitale, la statue pourtant restaurée il y a 20 ans s'était couverte d'une fine couche de résine et de fumée noires qu'il a fallu 6 mois d'un travail minutieux pour nettoyer.

Sainte Thérèse d'Avila (1515-1582), une religieuse espagnole née il y a 500 ans, fut une femme d'aplomb ayant réformé l'ordre du Carmel. Élevée au rang de docteur de l'Eglise, elle fut également une grande mystique.

Le Bernin (1598-1680) "a traduit dans la pierre les écrits de la sainte", a expliqué Daniela Porro, une responsable de la région du Latium.

Mais comme souvent dans les représentations d'extases de saintes, cette femme comme offerte devant l'ange, la tête renversée, les yeux mi-clos et la bouche entrouverte, évoque aussi pour certains une extase beaucoup moins spirituelle.