Relance du projet d’agrandissement du Musée d’art et d’histoire de Genève

Genève. Sept ans ont été nécessaires pour digérer l’échec du projet signé Jean Nouvel pour l’agrandissement et la rénovation du Musée d’art et d’histoire de la ville (MAH) soumis à votation populaire en 2016. Le 22 décembre dernier, deux ans après l’arrivée de Marc-Olivier Wahler à la tête du musée, une nouvelle étape pour l’avenir du MAH s’est dessinée. L’ouverture d’un crédit d’études d’un montant de 19 900 000 francs suisses (soit la même somme en euros) a été présentée par le conseil administratif de la ville au conseil municipal. Le coût total du projet avoisinerait les 200 à 250 millions de francs suisses.

Ce nouveau projet architectural d’agrandissement et de restauration vise à constituer un campus muséal au cœur de Genève en intégrant les anciens bâtiments adjacents de la HEAD (Haute école d’art et de design) laissés vides à la suite du déménagement de l’école sur un nouveau site. Plus de 4 000 mètres carrés supplémentaires devraient être gagnés afin de permettre à la riche collection muséale et historique de 65 000 objets de se déployer sur 8 000 m2. La surface du musée remanié atteindrait alors 18 500 m2 alors qu’à l’heure actuelle, seuls 3 % des collections peuvent être exposés au public. Les lignes directrices du projet, déjà annoncées par l’exécutif genevois en mai 2022, prévoient l’intégration de la bibliothèque d’art et d’archéologie, l’ouverture d’un centre de recherches et de documentation ainsi que le déploiement de services – auditorium, restaurant, boutiques – dans le MAH.

Relier le musée à la cité : la magistrate écologiste en charge de l’aménagement et des constructions, Frédérique Perler, insiste sur le fait que le bâtiment du MAH « ressemble à une forteresse sur un îlot cerné par deux importantes voies de circulation ». L’extension du musée pourrait également se faire en gagnant des espaces souterrains de l’autre côté de l’avenue Charles-Galland sur le modèle du Musée d’ethnographie de Genève rénové en 2014. À l’ordre du jour également, le projet de piétonnisation du boulevard Jacques-Dalcroze qui longe le musée. Certaines contraintes ont été cependant posées par la municipalité : une surélévation et un remplissage de la cour du bâtiment principal du MAH sont exclus. Un concours international d’architecture devrait être lancé à l’automne 2023 et le projet lauréat devrait être désigné à l’automne 2024 avec un lancement des travaux en 2028, pour une inauguration espérée à l’horizon 2030.

Le projet ne fait pourtant pas encore l’unanimité parmi les élus de la ville, à commencer par le Vert Alfonso Gomez qui s’opposait, dès le 23 décembre, à « un projet d’un autre temps, qui ne prend pas suffisamment en compte les enjeux environnementaux » selon ses propos au quotidien La Tribune de Genève. « On n’a pas changé de paradigme. On est dans la création de nouveaux besoins plutôt que dans la réutilisation de l’existant. » En cause notamment, l’extension en sous-sol, pour l’essentiel sous la promenade de l’Observatoire qui nécessiterait l’abattage d’arbres malgré la promesse de tripler la végétation sur les lieux. L’ombre de possibles référendums, qui pourraient une nouvelle fois ralentir le processus, planerait-elle à nouveau sur le projet du nouveau MAH ?