Le don du collectionneur Egidio Marzona à la Nationalgalerie relance la polémique sur la réorganisation des musées de Berlin et le déménagement des collections.
BERLIN - Le 7 février, le collectionneur d’art minimal, conceptuel et d’Arte povera Egidio Marzona a signé un contrat scellant le don à la Nationalgalerie de Berlin de 372 œuvres, parmi lesquelles des œuvres de Daniel Buren, Dan Flavin et Sol Lewitt. Ces pièces rejoignent définitivement la collection des musées étatiques de Berlin après le dépôt en ce même lieu depuis 2002, à la suite de l’acquisition par la Fondation du patrimoine culturel de Prusse de 213 œuvres, et le don des impressionnantes archives d’Egidio Marzona, lequel s’est donné pour mission de documenter les courants artistiques en « -isme » du XXe siècle.
Derrière les félicitations et remerciements d’usage, reste cependant la question qui fâche : la domiciliation future de la collection. Actuellement, faute de place, des expositions temporaires organisées dans trois salles du musée Hamburger Bahnhof sont consacrées à la collection, déroulant celle-ci de A à Z pendant deux ans et demi. À terme, a précisé le 7 février Udo Kittelmann, directeur de la Nationalgalerie, la collection Marzona rejoindra le futur « musée d’art du XXe siècle », préconisé par la Fondation du patrimoine culturel de Prusse. La construction d’un nouveau bâtiment fait figure de solution de compromis face au tollé international provoqué par la décision initiale de déménager les Maîtres anciens de la Gemäldegalerie sur l’Île aux Musées [lire le JdA n° 397, 20 sept. 2013]. Mais, alors que la polémique a débuté en juin 2012, le dossier n’a pas avancé depuis septembre 2013 : la construction du nouveau musée et son financement doivent être approuvés par le Bundestag, le Parlement allemand. On comprend dès lors mieux pourquoi Michael Eissenhauer, directeur des musées étatiques de Berlin, a remercié publiquement Egidio Marzona pour sa patience lors de la signature du contrat.
Désaveu de la ministre
Lors de la conférence de presse annuelle de la Fondation du patrimoine culturel de Prusse, le 18 février, Hermann Parzinger, son président, a affirmé que le don de Marzona était l’une des deux acquisitions majeures effectuées cette année aux côtés de l’achat des « Carnets de voyage aux Amériques » d’Alexander von Humboldt, qui rejoignent la collection de la Bibliothèque d’État de Berlin. Tout en regrettant que le projet de déménagement des Maîtres anciens sur l’Île aux Musées ait échoué, il a rappelé la position de la fondation : le projet, trop coûteux, devait être abandonné, au profit de la construction d’un nouveau musée du XXe siècle. Sauf que l’intervention, quelques jours plus tard par voie de presse, de Monika Grütters, ministre fédérale de la Culture sonne comme une forme de désaveu pour la Fondation. « Que je sache, le Bundestag n’a pas encore arrêté de position. Seules sont à l’étude différentes variantes et la prise de position de la Fondation Patrimoine culturel de Prusse […]. Évidemment, la question des coûts n’est pas anodine, mais ce n’est pas la seule question dont il faut discuter », a déclaré Monika Grütters au quotidien Berliner Morgenpost. Se prononçant en faveur du regroupement des Maîtres anciens sur l’Île aux Musées, réunissant ainsi peinture et sculpture, elle a ajouté que, si déménagement il y avait, les Maîtres anciens ne devraient pas disparaître dans les réserves mais être accessibles au public pendant toute la durée du projet. Monika Grütters lance donc un pavé dans la mare de ce débat qui dure depuis près de deux ans, et relance une idée qui semblait définitivement enterrée.
Hermann Parzinger a immédiatement réagi via un communiqué de presse. Il a salué tout d’abord le soutien politique apporté par la ministre de la Culture. Berlin dispose en effet d’un statut à part : alors que la culture relève principalement des Länder, la Fédération finance une partie des projets berlinois en raison du soutien à son statut de capitale. Mais, a-t-il ajouté, « une décision définitive ne peut être prise que si les moyens financiers nécessaires sont mis à disposition ». Avant de témoigner une certaine impatience : « Il est important que nous obtenions dans les mois qui viennent une perspective réaliste. » Quel que soit le scénario choisi, il souhaiterait lancer le projet d’ici à la fin de l’année. Aucun élément de calendrier n’est actuellement disponible quant à l’inscription du dossier sur l’agenda du Bundestag.
Titre original de l'article du Journal des Arts n°409 : « Anciens contre Modernes, suite »
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Relance de la polémique sur la réorganisation des musées de Berlin
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Abonnez-vous dès 1 €Vue aérienne de l'île des musées, Berlin. Avec le Bode-Museum, le Pergamonmuseum, l'Alte Nationalgalerie, le Neues Museum et l'Altes Museum. © Photo : bpk / DOM publishers.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°409 du 14 mars 2014, avec le titre suivant : Relance de la polémique sur la réorganisation des musées de Berlin