Pour 175 500 euros, le château de Versailles s’offre un portrait inédit de Marie-Antoinette, un tableau si réaliste qu’il fut refusé par la dauphine.
C’est le genre de redécouvertes spectaculaires et rocambolesques qui font le sel du marché de l’art. La maison de ventes Aguttes a exhumé un portrait inédit de la plus célèbre des reines de France : Marie-Antoinette. L’huile sur toile avait disparu des radars depuis plus d’un siècle et était conservée dans la maison d’une famille francilienne. Ses propriétaires ignoraient totalement l’identité de l’artiste et de son célèbre modèle ; ils l’avaient affectueusement surnommée « la petite marquise ».
En découvrant le portrait, Grégoire Lacroix, directeur du département tableaux et dessins anciens de la maison de ventes, lui a rendu ses lettres de noblesse. Il a mis l’œuvre en relation avec des photographies d’un tableau considéré comme disparu. Il l’a aussi rapprochée d’une esquisse préparatoire de ce portrait conservée au château de Versailles. Le tableau a ainsi été présenté comme un portrait de Marie-Antoinette, dauphine, commandé à Joseph-Siffred Duplessis en 1771.
Portraitiste aujourd’hui hélas un peu oublié, Joseph-Siffred Duplessis était un des artistes phares de son temps. Premier peintre du roi et directeur de l’Académie royale de peinture, il a exécuté de nombreuses effigies des membres de la cour et de grandes personnalités de l’époque ; à tel point qu’on le surnommait « le Van Dyck de l’école française ». C’est donc logiquement vers lui que se tourna le dauphin Louis pour réaliser le tout premier portrait de sa jeune épouse peint sur le sol français.
Le peintre se voit chargé de réaliser un portrait équestre de la dauphine destiné à sa mère, Marie-Thérèse, la puissante archiduchesse d’Autriche. Le portraitiste ne peut toutefois pas remplir la commande en raison d’un nombre insuffisant de séances de pose. L’artiste transforme donc la composition en un simple buste sans artifice. Le modèle porte en effet une toilette simple et n’arbore pas de luxueux bijoux, ce qui permet de focaliser l’attention sur ses traits juvéniles et son expression.
Le tableau tranche en effet avec les représentations postérieures de Marie-Antoinette par sa fraîcheur, sa simplicité et son réalisme. Mais le talent de Duplessis à saisir la vérité des traits n’a guère séduit la dauphine qui, s’estimant peu flattée, a refusé le tableau. Ce rejet explique le caractère inachevé du tableau. Ce portrait réaliste nous offre aujourd’hui un témoignage sincère de sa vraie physionomie, notamment de son front bombé, de ses yeux globuleux et de son menton prononcé.
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Marie-Antoinette, dauphine de Joseph Duplessis
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°751 du 1 février 2022, avec le titre suivant : Marie-Antoinette, dauphine de Joseph Duplessis