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Franchise - Un Centre Pompidou à Málaga

Málaga fait les bons comptes du Centre Pompidou

Un accord de cinq ans a été signé avec la cité balnéaire andalouse pour une ouverture au printemps 2015 de sa nouvelle antenne

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 16 septembre 2014 - 931 mots

Le Centre Pompidou cherchait depuis longtemps à créer une antenne à l’étranger. Le « CP-Málaga », qui doit ouvrir au premier trimestre 2015 pour une durée de cinq ans, s’installe dans un bâtiment neuf existant. Il devrait rapporter entre 1 et 1,5 million d’euros de redevance par an. Le président du Centre voudrait accélérer le développement de ces antennes provisoires à l’international.

PARIS - Candidat malheureux à Singapour et Hongkong en 2005, puis à Shanghaï en 2006, le Centre Pompidou parvient à ouvrir huit ans plus tard à Málaga sa première antenne à l’international. Combien de projets d’implantation envisagés, annoncés lors de voyages présidentiels et jamais réalisés… La signature le 3 septembre à Paris par le sénateur maire de Málaga, Francisco de la Torre Prados, et le président du Centre Pompidou, Alain Seban, ont levé doutes et incertitudes.

Certes Málaga, ville espagnole de 600 000 habitants, n’est pas Singapour, Hongkong ou Shanghaï sur l’échiquier des scènes artistiques émergentes, contrairement à ce que pouvait laissait entendre le discours d’Alain Seban ; elle n’est pas non plus une place économique et financière. La cité natale de Picasso, de taille moyenne à l’échelle européenne, n’en est pas moins la cinquième plus grande ville en Espagne et la capitale de la Costa del Sol, première région touristique de la Péninsule Ibérique qui draine 10 millions de touristes chaque année dont 4 millions pour Málaga. Le tourisme est donc au cœur de son économie, de ses priorités, notamment le tourisme culturel, objet depuis onze ans d’importants investissements municipaux et régionaux dans le réaménagement urbain et les rénovations engagées pour rendre la ville plus attractive.

Accord avec le Musée russe
L’ouverture en 2003 du Centre d’art contemporain de Málaga et du Musée Picasso (porté par les legs de Christine Ruiz-Picasso et de son fils Bernard Ruiz-Picasso), puis en 2011 celle du Musée Carmen-Thyssen (né pour sa part de la mise en dépôt pour quinze ans de la collection de peinture espagnole de la baronne Carmen Thyssen-Bornemisza) ont constitué les premiers signaux forts. L’accord signé par la Ville avec le Centre Pompidou, comme celui qu’elle a conclu en mai dernier avec le Musée russe de Saint-Pétersbourg, s’inscrit dans cette veine de contrats passés avec des partenaires au nom prestigieux, apportant l’un après l’autre un coup de projecteur médiatique sur la cité balnéaire.
Mais si le Musée russe de Saint-Pétersbourg va présenter dans une ancienne usine de tabac des années 1920, et sur 2 300 mètres carrés, une centaine d’œuvres couvrant l’histoire de l’art byzantin au réalisme socialiste à l’ère soviétique, des « prêts à long terme », précise le maire de Málaga, le Centre Pompidou-Málaga est un duplicata de la maison mère en  version réduite. Logé par la municipalité dans l’un des nouveaux bâtiments vides du port de plaisance, dénommé « El Cubo » en raison du cube en verre qui marque son entrée, il se déploiera en partie en sous-sol sur 6 000 mètres carrés, à comparer aux 10 500 mètres carrés du Centre Pompidou-Metz ou aux 7 500 mètres carrés de surface d’un seul étage du Centre à Paris.

À l’intérieur se répartiront sur deux niveaux un parcours permanent de 2 000 m2, un espace de 350 m2 pour les expositions temporaires (tous deux composés à partir des collections du Musée national d’art moderne [Mnam]), un atelier pédagogique et un auditorium. Chacun de ces espaces sera défini et dirigé par les équipes parisiennes du Centre. Brigitte Leal, conservatrice en chef du patrimoine, directrice adjointe du Mnam, construira le parcours permanent à partir de 80 pièces de la collection du Musée, un parcours renouvelé tous les deux ans et articulé pour l’ouverture autour des diverses facettes de la représentation de Picasso à nos jours.

La ville n’est pas une inconnue pour l’ancienne conservatrice au Musée Picasso, commissaire au Musée Picasso de Málaga en 2010 de l’exposition « Frantisek Kupka » à partir des collections du Mnam. Pour Alain Seban, la cité andalouse représente la première agglomération d’implantation du « Centre Pompidou provisoire », « nouveau concept » né en mai 2013 dans le sillage du feu « Centre Pompidou mobile », et visant à une implantation de plus grande ampleur en France comme à l’international, sur une plus longue durée aussi. Dans le cas de Málaga, l’accord passé porte sur une durée de cinq ans renouvelables.

Redevance attendue
Si l’esprit du projet : « Expérimenter de nouvelles modalités de diffusion et de valorisation des collections » ne comporte rien de nouveau dans son ambition, le Centre Pompidou-Málaga représente surtout pour sa maison mère le moyen d’accroître ses revenus. Pour la conception, l’utilisation de la marque et l’expertise du Centre Pompidou, une redevance « de 1 à 1,5 million d’euros par an » lui sera en effet versée par la municipalité qui, par ailleurs, remboursera chaque année ses dépenses engagées en matière de transport, d’assurances, d’organisation du travail, un coût estimé à environ 1 million d’euros. Soit un revenu annuel pour l’institution parisienne de près de 2,5 millions – alors que les multiples expositions « hors les murs » rapportent généralement 3 millions d’euros par an. D’où le souhait de son président de renouveler l’expérience ailleurs. Reste à trouver d’autres villes prêtes comme Málaga à mettre à disposition un lieu (l’aménagement intérieur d’El Cubo coûte 5 millions d’euros) et à engager chaque année près de 2,5 millions d’euros auxquels s’ajoute 1 million pour la gestion de l’infrastructure et les frais de personnels. Mais le Centre Pompidou devra aussi donner corps à son antenne de Málaga, avec pour interlocuteur sur place le Museo Casa Natal de la Fundación Picasso.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°419 du 19 septembre 2014, avec le titre suivant : Málaga fait les bons comptes du Centre Pompidou

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