A l’initiative de son maire néofasciste, membre de l’Alleanza Nazionale, le Musée d’art moderne de Latina rouvre ses portes. À l’appel du Duce, près de six cents peintres avaient en effet fait don de leurs œuvres au musée de la ville créée par Mussolini en 1932 sous le nom de Littoria.
LATINA - Un berger serait à l’origine de l’idée reprise à son compte par Mussolini : demander à tous les artistes italiens de faire don d’une de leurs œuvres pour constituer le fonds du futur Musée d’art moderne de la ville de Littoria, qui devait être la capitale administrative et commerciale des marais Pontins (devenue Latina en 1945). La Pinacothèque, née officiellement en 1934, rouvre aujourd’hui à l’initiative du maire, qui souhaite que la ville recouvre par ailleurs son ancien nom. Depuis sa création et jusqu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le jeune musée n’a cessé de s’enrichir, allant jusqu’à compter plus de six cents œuvres dans ses collections. Nombreux, en effet, furent les artistes de l’entre-deux-guerres qui répondirent à l’appel du Duce. Lorsque le musée a ouvert ses portes en juillet 1937, il comptait déjà 396 œuvres très représentatives de la culture artistique "moyenne" de l’Italie fasciste. Outre quelques chefs-d’œuvre de Morandi, Savinio, Capogrossi, etc., cet ensemble comprenait un grand nombre de créations régionales, quelques peintures futuristes et métaphysiques, mais peu d’œuvres naturalistes.
La guerre a mis un terme au développement du musée alors qu’il avait entrepris une politique d’acquisitions, souvent d’ailleurs dans dans le cadre d’expositions locales. Le débarquement allié d’Anzio devenant imminent, les peintures ont été cachées par peur des bombardements.
En 1945, les réalisations du régime fasciste italien ont été éclipsées, et le Musée d’art moderne de Latina a lui aussi été effacé de la mémoire collective. La plupart des œuvres ont été dispersées dans les bureaux de l’administration et dans les demeures des notables, voire dérobées. Des six cents pièces qu’elle comptait à l’origine, la collection se réduit aujourd’hui à une soixantaine à peine. Ces œuvres sont maintenant présentées en permanence dans deux élégantes salles du Palais de Frezzotti.
Bottai à Rome
L’Accademia di San Lucca, à Rome, aborde également la période fasciste à travers l’exposition "Mario Bottai et ses relations avec les artistes". Ministre de l’Éducation du régime mussolinien, Bottai était également journaliste et directeur de plusieurs revues d’art et de littérature. La plus importante, Primato, soutenait l’école romaine de peinture et publiait des écrits de Buzzatti ou Gadda. L’exposition présente des œuvres de Chirico, Morandi, Simoni, Rosai, Scipione, Tozzi et Severini, la plupart rassemblées par Bottai lui-même et prêtées par ses héritiers.
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L’Italie fasciste en peinture
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°32 du 1 janvier 1997, avec le titre suivant : L’Italie fasciste en peinture