Église - Restauration

Les tours de Fourvière à Lyon nécessitent une restauration urgente

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 19 février 2025 - 770 mots

LYON

Après avoir amélioré l’accueil du site, la fondation privée propriétaire de la basilique doit parer à des désordres importants au niveau des tours de l’édifice.

Les tours de la basilique Notre-Dame de Fourvières à Lyon. © Bony Photography
Les tours de la basilique Notre-Dame de Fourvières à Lyon.
© Bony Photography

Lyon. Les tours de la basilique Notre-Dame de Fourvière risquent-elles de s’effondrer ? La menace, diffusée dans la presse locale à la fin 2024, est exagérée. Mais elle a permis à la Fondation Fourvière de réunir le premier million et demi d’euros sur les 2,5 millions nécessaires au financement des chantiers urgents à mener sur l’édifice. Un diagnostic, commandé par la fondation à la fin 2023, livre en effet un an plus tard un rapport préoccupant sur l’état des tours du flanc sud de la basilique lyonnaise. « Nous avons voulu faire une campagne de levée de dons qui marque les esprits, reconnaît Antoine Requin, responsable des travaux au sein de la fondation. Et ce n’est pas une première : lorsque nous avons lancé cette opération, nous avons retrouvé un article des années 1990 relayant une campagne choc du même style ! »

La générosité des Lyonnais pour ce monument emblématique de la ville a en effet été déjà sollicitée. Cet appel régulier au mécénat est indispensable pour la fondation de droit privé qui ne peut compter sur les contributions des collectivités locales, mais seulement sur un appui de l’État à travers les financements de la Drac (direction régionale des Affaires culturelles). Mais si Fourvière doit à nouveau lancer un chantier d’ampleur cette année, c’est en partie à cause du chantier des années 1990. Le recours au ciment pour jointoyer les greffes de pierres se révèle, quelques années plus tard, dangereusement fragile : « Au bout de trente ans, les aciers des attaches s’oxydent, gonflent, et des fissures apparaissent à l’interface du ciment et de la pierre », explique le chargé des travaux.

Cette fragilisation a déjà occasionné des chutes de pierres. Bien que moins spectaculaires que celles survenues il y a trente ans, lorsque des morceaux de statues tombaient sur le parvis de la basilique, l’état des maçonneries est assez préoccupant pour nécessiter une sécurisation du pourtour des tours concernées, notamment sous la tour sud-ouest. Aux fragilisations causées par les récents chantiers, s’ajoutent les problèmes posés par la nature du calcaire méridional employé par les constructeurs de la basilique : une pierre fine, friable, mise en œuvre sur des épaisseurs étonnamment minces. Les maçonneries des tours perchées en haut de la colline de Fourvière sont soumises aux vents et au gel.

Des campagnes successives

Les infiltrations d’eau de pluie s’invitent également dans ce diagnostic, qui a été mené sur les seules tours. À leur sommet, les flèches en forme de croix sont perméables aux intempéries, menaçant l’intégrité des décors peints et des charpentes en bois. Les techniques de construction de la fin du XIXe siècle sont aussi à l’origine de désordres, dus aux charpentes d’acier qui soutiennent le dallage des terrasses des tours : « Ces aciers sont dans une zone confinée, à laquelle on ne peut accéder, et qui est constamment humide. Il y a de gros doutes sur la durabilité de la portance de ces supports », redoute Antoine Requin.

De 2008 à 2016, la basilique avait déjà connu une campagne de travaux d’ampleur : 10 millions d’euros consacrés à la restauration des charpentes métalliques et du toit de l’édifice, mais aussi des décors mosaïques intérieurs. Ces travaux patrimoniaux ont ensuite laissé place à la campagne « Nouvel Élan » (2019-2022), un investissement pluriannuel de la fondation destiné à améliorer l’accueil des visiteurs sur la colline de Fourvière. Le chantier a permis de restaurer la Maison carrée, une ancienne école jésuite attenante à la basilique transformée en restaurant et espace de réception. La création d’un pavillon d’accueil et la rénovation du belvédère complétaient ce programme achevé pour partie en 2023. Il ne faudra toutefois pas compter sur ces équipements pour financer la nouvelle campagne de travaux : « Nos recettes propres couvrent le fonctionnement du site, explique Antoine Requin. Pour les investissements de grande ampleur, nous devons nous en remettre aux grands mécènes, entreprises nationales et locales, et aux particuliers, riches ou moins riches. »Édifiée en 1870 grâce à une souscription populaire, la basilique est historiquement liée à la générosité des grandes familles lyonnaises, et peut difficilement prétendre à des subventions publiques, laïcité oblige. Pour soutenir la basilique, la Mairie de Lyon doit ainsi prendre le chemin détourné… des toilettes publiques, dont elle finance l’aménagement.

Encouragée par le « bel élan populaire » de ces premiers dons, la fondation envisage une pose des échafaudages fin 2025. Et même si la basilique appartient à un privé, pas question d’en faire payer l’entrée : « Ce serait antinomique avec notre histoire et nos objectifs », estime Antoine Requin.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°649 du 14 février 2025, avec le titre suivant : Les tours de Fourvière à Lyon nécessitent une restauration urgente

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